Adieu Mandalay -12

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Entre la Birmanie et la Thaïlande, le trafic d'êtres humains suit un itinéraire bien établi le long de chemins tranquilles et de routes isolées, traversant le Mékong à Tachileik, franchissant les postes de contrôle en en soudoyant les policiers, arrivant jusqu'à Bangkok, la destination finale, où les clandestins, brutalement abandonnés, restent livrés à eux-mêmes...

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C’est une histoire d’amour désespérée, shakespearienne, à laquelle on assiste dans The Road to Mandalay, mais on ne le comprend qu’à la fin. Ce film du Birman Midi Z, étoile montante du cinéma asiatique, a été présenté aux Venice Days. Il s’agit d’une histoire de migration et d’espoir, d’obstination devant les obstacles et d’attente, celle d’un permis de travail qui semble destiné à n’arriver jamais. L’histoire se passe en Asie du Sud-Est, mais comme en Europe, le parcours des migrants s’y heurte à la dure loi du trafic humain et à l’exploitation brutale de la main-d’œuvre bon marché.
Mandalay est la ville de Birmanie où passent tous les émigrés de retour dans leur pays après avoir cherché un sort meilleur en Thaïlande. C’est un retour au pays que pourrait bien faire un jour Lianqing (jouée par la Taïwanaise Wu Ke-Xi), passée clandestinement en Thaïlande en traversant le Mékong puis en voyageant cachée dans un fourgon avant d’être abandonnée à son sort à Bangkok. En chemin, elle attire l’attention de Guo (l’acteur et chanteur Kai Ko), qui va devenir pour elle, une fois arrivée à destination, comme un ange gardien : il lui trouve un travail à l’usine, lui apporte à manger tous les jours et lui propose même de l’épouser, mais la priorité, pour Lianqing, est d’obtenir des papiers pour pouvoir chercher un vrai travail en ville et peut-être un passeport thaïlandais qui lui permettra de voyager.
Cette entreprise va devenir pour la jeune femme toute une odyssée, entre les profiteurs, les contrefacteurs et autres soutireurs d’argent, qui ne vont pas toutefois faire ployer sa détermination. Guo lui-même devient un obstacle, parce qu’il ne comprend pas pourquoi Lianqing ne veut pas se contenter de ce qu’elle a et se met à perdre lentement la raison, en grande partie à cause des amphétamines qui l’aident à tenir le coup pour enchaîner les roulements harassants au travail. Ce qu’il cherche lui, c’est l’amour, alors qu’elle est en quête d’épanouissement personnel. Et l’odyssée se poursuit jusqu’à l’épilogue, imprévisible, à couper le souffle.
C’est dans ces abîmes de précarité, de déracinement et d’absence de droits, malgré quelques étincelles de solidarité entre compatriotes, que nous transporte le film de Midi Z, une fresque acérée et précise sur la condition des nombreux immigrés birmans en Thaïlande, où ils sont venus trouver des opportunités qui vont la plupart du temps leur faire défaut. Le film, inspiré de maintes histoires vraies (notamment celle du frère du réalisateur), nous révèle combien le monde est petit, quand on aborde le sujet de l’intégration.
The Road to Mandalay est une coproduction entre la Birmanie, Taïwan, la France (House on Fire) et l’Allemagne (Bombay Berlin Film Production), avec la contribution du CNC et du World Cinema Fund du Festival de Berlin. Les ventes internationales du film sont assurées par la société française Urban Distribution International.