Astrid

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En 1920, Astrid Lindgren a 16 ans et des rêves plein la tête. Elle décroche un travail de secrétaire dans un journal local, tombe amoureuse de son patron, se retrouve fille-mère. Talentueuse et résiliente, libre et déterminée, elle inventera des héroïnes à son image, dans des romans qui la rendront célèbre.

Vos commentaires et critiques :

Si les psychologues de 2019 avaient croisé le chemin de la jeune Astrid, ils auraient sans doute conseillé à ses parents, alors débordés par sa fougue et sa vivacité d'esprit, de lui faire passer un test pour mesurer le degré de sa précocité. Car cette Mademoiselle Ericsson, blonde comme les blés, pétillante et lumineuse comme un ciel étoilé, a bien des traits communs avec ce que l'on appelle aujourd'hui les HPI (Haut Potentiel Intellectuel) : une grande maturité d'esprit, un cerveau qui va vite, milles et une idées tambourinant à la porte de son imagination.
Mais nous sommes en Suède, à la fin des années 1920, et dans le village où Astrid (Alba August, lumineuse) vit avec ses parents, ses deux sœurs et son frère aîné, elle passe plutôt pour une jeune fille excentrique, impulsive et très (trop) singulière. Malgré un environnement plutôt austère, fortement imprégné par la religion et des traditions paternalistes – mais c'est bien sa mère qui incarne l'autorité et la rigueur –, elle a pourtant réussit à trouver sa place au sein d'une famille unie et aimante. Et quand le rédacteur en chef du journal local est en quête d'une nouvelle stagiaire, son père a l'intelligence d'accepter qu'elle tente sa chance. Sans doute a-t-il déjà compris que sa fille est promise à un destin plus grand que les champs de patates qui jouxtent la ferme familiale et qu'il faut de la matière pour nourrir cette âme insatiable afin qu'elle puisse librement déployer ses ailes.
Et c'est ce que va faire Astrid, avec fougue et détermination, avec l'audace de sa jeunesse. Lorsqu'elle se sépare de ses tresses de fillette pour une coupe plus courte et plus libre, c'est autant pour répondre à l'appel de la modernité qui se joue en Europe au rythme des années folles que pour affirmer fièrement sa féminité naissante. Mais la société n'avance pas aussi rapidement qu'elle. Devenue mère sans être mariée, elle devra s'exiler à Stockholm pour accoucher, puis connaîtra le déchirement de la séparation quand elle sera contrainte de confier son nouveau-né à une nourrice. Traumatisme initiatique qui infusera et nourrira son œuvre à venir.
Elle s'affranchira finalement de tous les carcans dans lesquels on voudra l'enfermer et refusera le mariage d'usage auquel elle aurait dû docilement se plier. Comme l'enfant précoce qu'elle était, Astrid se rêvera libre et indépendante, fuyant tout ce ce qui pourrait l'asphyxier ou réduire son champs des possibles.
Ce sera finalement grâce à l'écriture, un pied enraciné à tout jamais dans le monde de l'enfance, qu'Astrid Lindgren connaîtra le bonheur et la célébrité puisqu'elle est considérée comme l'une des plus talentueuses auteures de littérature jeunesse en Suède et dans les pays nordiques. Le film est d'ailleurs parcouru par les mots et les dessins des enfants qui lui envoient des lettres d'admiration et de remerciements à chacun de ses anniversaires. Mais le film s'arrête là où la littérature va commencer et pour connaître le monde imaginaire d'Astrid, il faudra lire les aventures de Fifi Brindacier