L'Histoire du géant timide -12

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C'est l'histoire d'un géant timide, ou comment Fúsi, colosse maladroit, englué dans un quotidien morose, va bouleverser sa vie, par amour…

Vos commentaires et critiques :

 
La laideur a ceci de supérieur à la beauté c'est qu'elle dure
 
On connaît le refrain reggae de Gainsbourg : « La beauté cachée des laids, des laids, se voit sans délai, délai ». Ici c'est la délicatesse introvertie des gros qui se révèle au grand jour. C'est la profonde gentillesse (au sens fort du terme) des maous, des ventrus, des XXL qui nous met du baume au cœur et le sourire aux lèvres. L'Histoire du géant timide, c'est un conte moral, une chronique douce-amère à l'islandaise, c'est à dire décalée, pince-sans-rire, tout en retenue et en non-dits, se méfiant comme de la peste des épanchements intempestifs, des effets de manche, des grands mots mais pas des grands bipèdes. C'est rien de dire qu'on s'attache à ce gros nounours de Fúsi, personnage magnifique qui, plus le film avance, gagne en complexité, en finesse, en charme. Personnage qui doit évidemment beaucoup à son interprète, l'incroyable Gunnar Jónsson. Le réalisateur Dagur Kári (dont on avait aimé naguère le tout premier film, Nói albinói) explique d'ailleurs que c'est en voyant l'acteur dans un petit rôle à la télévision qu'il a eu l'idée de construire un film autour de lui : « Je suis tombé sous son charme, je le trouvais génial, avec une présence absolument unique. Il a un talent fou, un jeu incroyablement naturel. »
Fúsi aura bientôt quarante-cinq ans et il vit toujours chez sa maman. Une forte femme, aimante et dévouée sans aucun doute, mais qui a des idées bien arrêtées sur ce qu'il faut faire ou ne pas faire, et qui a dû jouer un rôle non négligeable dans l'évolution de son grand gaillard de fiston. Renfermé, complexé, solitaire. Passionné par la reconstitution en modèles réduits de grandes batailles du passé avec tanks et petits soldats qu'il peint lui-même, avec une patience et une précision qui disent bien qu'il ne se résume pas à son physique de balourd.
Fúsi travaille à l'aéroport, il transporte les bagages. Il fait bien son boulot mais doit subir les plaisanteries, toujours stupides et souvent cruelles, de ses collègues. Il les supporte stoïquement, ne se rebiffe pas, ne les dénonce pas. Fúsi n'a en lui pas une once de méchanceté, pas l'ombre d'un ressentiment. C'est un grand naïf qui ne demande qu'à rendre service, à faire plaisir. C'est ainsi qu'il devient le compagnon de jeux d'une petite gamine qui vient d'emménager dans son immeuble et se sent seule. Une relation toute naturelle pour lui. Mais pas pour tout le monde. Un grand costaud comme ça avec une petite fille, c'est chelou… Là encore Fúsi ne s'offusque pas, se défend à peine. Il ne veut de mal à personne, pourquoi quelqu'un lui voudrait-t-il du mal ?
Le morne cours des choses va se trouver bousculé grâce à Rolf, le « fiancé » de sa mère (constater que sa mère a toujours une activité sexuelle alors qu'on en est soi-même privé : dur dur pour un fils dans la force de l'âge !), qui, pour les quarante-cinq ans de Fúsi, lui offre un chapeau de cow-boy en même temps qu'un abonnement à des cours de danse country : le moyen idéal selon lui pour se faire des amies. Et de fait, après un premier réflexe de fuite, c'est là que Fúsi va rencontrer Sjöfn (en Islande, c'est un prénom féminin). Et comme nous ne sommes pas dans une banale comédie romantique mais dans un film plein de finesse et de surprises, la suite des événements sera souvent drôle et infiniment touchante…