Le Monde est à toi TP

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François, petit dealer, a un rêve : devenir le distributeur officiel de Mr Freeze au Maghreb. Cette vie, qu’il convoite tant, vole en éclat quand il apprend que Dany, sa mère, a dépensé toutes ses économies. Poutine, le caïd lunatique de la cité propose à François un plan en Espagne pour se refaire. Mais quand tous son entourage : Lamya son amour de jeunesse, Henri un ancien beau-père à la ramasse tout juste sorti de prison, les deux jeunes Mohamed complotistes et sa mère chef d’un gang de femmes pickpockets, s’en mêle, rien ne va se passe comme prévu !

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QUINZAINE DES RÉALISATEURS 2018

Rêves de glace

Second long métrage de Romain Gavras après Notre jour viendra, Le monde est à toi réunit Karim Leklou, très présent à la Quinzaine des réalisateurs cette année, aux côtés de Isabelle Adjani, Vincent Cassel et Oulaya Amamra, repérée dans Divines de Houda Benyamina, mais aussi François Damiens et Philippe Katerine. Le scénario a été de nouveau écrit par le cinéaste et Karim Boukercha, rejoints par Noé Debré. L’histoire d’un petit dealer prêt enfin à se ranger des voitures pour devenir le distributeur exclusif de la marque Mister Freeze au Maghreb, mais dont les plans vont être sérieusement contrecarrés par l’addiction de sa mère aux jeux d’argent. Tourné en mai et juin 2017 entre Paris et Benidorm, Le monde est à toi est produit par Iconoclast Films, en coproduction avec Chi-Fou-Mi Productions et Cactus Flower Producciones en Espagne. Un film qui tranche avec le travail  précédent du réalisateur. Qualifié de véritable “ovni” par Edouard Waintrop, il sortira le 22 août sous la bannière de Studiocanal.

Depuis Notre jour viendra, un premier film très singulier sorti en 2010, presque nihiliste et pourtant débordant de tendresse pour ses personnages, avec Vincent Cassel déjà dans un rôle surprenant pour sa filmographie, on avait plus de nouvelles de Romain Gavras qui s’était tourné vers les clips et la publicité, murissant durant près de huit ans un sens aigu du rythme et de l’efficacité narrative. Il nous revient avec une pépite raffinée au titre généreux, vint-quatre carats par seconde d’or qui brille sous le soleil du mois d’août, une heure trente-quatre de concentré d’énergie pure et d’inventivité étincelant sous les lumières colorées de la boule à facettes méditerranéennes. Un film au casting à multiples facettes lui aussi, où, autour d'un magnifique Karim Leklou, on retrouve notamment avec bonheur la « divine » Oulaya Amamara, découverte dans le film du même nom, la toujours plus magnifique Isabelle Adjani dans un rôle qui fera date de marraine méridionale des petites combines et casses foireux, l’inénarrable François Damiens dans l’impayable rôle de François Damiens, et un Vincent Cassel au contre-emploi magnifique et hilarant de petit malfrat vieillissant perdu dans les méandres confusionnistes du web et des chaines vidéos spécialisées sur le complot Illuminati.
François, petit dealer, a un rêve : devenir le distributeur officiel de Mr Freeze au Maghreb. Cette vie, qu’il convoite tant, vole en éclat quand il apprend que Dany, sa mère, a dépensé toutes ses économies. Poutine, le caïd lunatique de la cité, propose à François un plan en Espagne pour se refaire. Mais quand tout son entourage – Lamya son amour de jeunesse, Henry un ancien beau-père à la ramasse tout juste sorti de prison, les deux jeunes Mohamed complotistes et sa mère chef d’un gang de femmes pickpockets – s’en mêlent, rien ne va se passer comme prévu !
Toujours à l’équilibre entre thriller et comédie, le film ne verse jamais dans la mauvaise série B car il part d’une fine observation du réel, loin de l’emphase mythologique d’un Scarface, et s'inspire des petites histoires très humaines des tribunaux et des comparutions immédiates, en empathie avec le monde de la délinquance ordinaire, fragile, absurde, drôle et même touchante, sur fond de migrants et de narco-terrorisme. Cette approche humble est servie par une mise en scène au contraire baroque, dont la fraîcheur, la vitalité, rappellent la fulgurance de True romance, la même urgence à vivre, avec la légèreté méridionale en plus.
Fan de John Landis et des Blues Brothers, Romain Gavras assume pleinement avoir voulu faire un film « pop » avec l’ambition des grandes comédies qui mine de rien sont témoins de leur époque comme Les Tontons flingueurs ou Le Pigeon. Le titre est comme une invitation, en cette fin d’été, à prolonger un peu les vacances, goûter la saveur d’une dernière escapade à l’horizon, au-delà des mers : le monde est à toi… vous reprendrez bien un Mr Freeze et une ligne de coke ?