Le Fils

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Le réalisateur nous plonge dans l’univers clos des futures Spetsnaz, unités d’élite de l’armée russe, sur les pas de son cousin Dima: la vie et les étapes de formation des jeunes recrues, dévouées corps et âmes à la patrie, de leur parcours du combattant dans la boue, aux manœuvres en forêt entre explosions et rafales jusqu'à l’examen final pour devenir béret rouge. En parallèle, les parents de Dima affrontent le vide laissé par son absence.
  • Titre original : Syn
  • Fiche mise à jour le 07/06/2019
  • Année de production : 2018
  • Réalisé par : Alexander Abaturov
  • Date de sortie : 29 mai 2019
  • Date de reprise : non renseignée
  • Distributeur France : Nour Films
  • Distributeur international : Andana Films
  • Durée : 70 minutes
  • Origine(s) : France Russie (Russie)
  • Genre(s) : Documentaire
  • Pellicule : couleur
  • Format de projection : 1.85
  • Format son : Dolby SR
  • Visa d'exploitation : 149449
  • Indice Bdfci :
    66%

Vos commentaires et critiques :

Le documentaire d’Alexander Abaturov s’immerge, par un biais très intime, dans la formation des Spetsnaz, les forces spéciales militaires russes.
"Il a connu la mort des braves en accomplissant sa mission de combattant", "j’ai perdu mon unique enfant, l’armée l’a emporté". C’est en mettant en contraste (sans émettre de jugement, mais en plaçant sa caméra au cœur des deux faces d’une réalité) la formation des Spetsnaz, les forces spéciales militaires russes, et le chagrin des parents de son cousin Dima, tué en mission au Daghestan, à l’âge de 21 ans, que le jeune documentariste Alexander Abaturov a mis en scène Le Fils, projeté dans la section Forum du 68e Festival de Berlin.
Production déléguée française d’un réalisateur russe diplômé de Lussas, le film offre, sur le fond, un résultat en adéquation avec la difficulté d’être autorisé à tourner de l’intérieur l’entraînement des jeunes recrues (les autorités militaires ont accédé à la demande des parents du disparu et de ses compagnons d’armes qui souhaitaient lui rendre ainsi un dernier hommage, alors que le FSB était beaucoup plus réticent). Il est clair dans ce contexte délicat qu’au-delà du prisme de la captation neutre de la réalité conforme à l’éthique du documentaire, Alexander Abaturov aprêté tout particulièrement attention à éviter les parti-pris idéologiques apparents, laissant aux spectateurs le soin de tirer leur propre conclusion. Mais l’ombre du mort qui flotte sur tout le film, s’incarnant ponctuellement dans des séquences avec ses parents qui tentent de contenir leurs émotions (chambre du fils décédé, messe à sa mémoire suivie d’une réunion familiale informelle, fabrication et installation au cimetière d’une statue le représentant offerte par ses frères d’armes) permet d’éviter ce qui pourrait parfois passer pour de la "propagande" à la gloire de la très patriotique soldatesque russe.
Infiltré dans les chambrées où les jeunes soldats, boule à zéro et en marinière, en séance collective de couture, ressemblent à des bagnards d’un autre temps, Alexander Abaturov suit les étapes de leur formation, les serments, l’exaltation des valeurs ("il faut mériter ce titre tout au long de sa vie", "il n’y pas de lien plus sacré que ceux de la camaraderie"), les parcours du combattant dans la gadoue, les manœuvres en forêt avec leurs explosions et leurs rafales, les cours de secourisme (un sous-officier avec une prothèse au pied leur apprend à poser un garrot) jusqu’à l’examen final pour devenir béret rouge (avec une épreuve terminale de boxe où les bizuts pourtant casqués sont massacrés de manière sanguinolente par les instructeurs). Bref, une préparation militaire poussée qui n’étonnera guère les connaisseurs des armées de tous les pays du monde, mais qui intéressera sûrement les non-initiés, et qui permet surtout au cinéaste de démontrer un sens acéré du cadre et du rythme du montage, tout en rendant un bel hommage à son cousin décédé. Un jeune homme de 21 ans dont le souvenir se reflète dans tous les visages des nouveaux Spetsnaz en partance pour le Caucase du Nord et ses terrains de guerre.
Fabien Lemercier