Mommy TP

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Une veuve mono parentale hérite de la garde de son fils, un adolescent profondément turbulent. Ensemble, ils tentent de joindre les deux bouts, notamment grâce à l'aide inattendue de la mystérieuse voisine d'en face, Kyla.

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SPÉCIAL CANNES

Les Paumés de la life

Tabarnac ! Vous en connaissez beaucoup, des films dont le souvenir vous bouleverse encore six mois après les avoir découverts, des films dont quelques notes de la bande originale (et pourtant c'est du Céline Dion !) suffisent à vous mettre au bord des larmes ? Eh bien c'est ça Mommy, un tsunami d'émotions, un maelstrom de sentiments, une cascade d'admiration digne des chutes du Zambèze, d'Iguaçu et du Niagara réunies… Vous trouverez bien quelques pisse-froid pour bouder le jeune cinéaste prodige québécois, à peine vingt-cinq ans et déjà moult fois primé dans les plus grands festivals, trop brillant, trop arrogant, trop bluffant à leur goût… Mais la vérité est là sur l'écran : ses personnages, servis par des acteurs remarquables, sont inoubliables, sa mise en scène, rythmée par une bande son idéale, est inouie d'inventivité.

Rien qu'au titre, pas bien difficile de savoir de quoi il sera question dans Mommy : dans un futur proche et sécuritaire, le portrait d'une mère courage prête à tout pour sauver de l'enfermement son incontrôlable fiston, un blondin gueule d'ange aux troubles psychotiques prononcés qui vient de mettre le feu à son dernier collège, et qui semble rétif à toute forme d'autorité, y compris celle de sa mère qui risque quasiment sa vie à lui imposer quelque chose, l'adolescent se comportant malgré sa dégaine innocente de skateur à peine pubère comme le mâle dominant du foyer.

Mais Diane (son diminutif, Die, est tout un programme) est une mère courage résolument non conventionnelle et subversive : une grande gueule hypersexuée (renversante Anne Dorval), une version québécoise des mères méditerranéennes des quartiers populaires de Marseille ou de Naples, capable pour arriver à ses fins d'user autant du coup de poing que du décolleté vertigineux. Le duo infernal est vite rejoint par la mutique voisine Kyla, prof en rupture familiale et professionnelle.

Et ces trois déchirés de la vie vont se retrouver lors d'une séance de danse improvisée autour de Céline Dion (si, si ! « On je change pas », allez, on fredonne !), scène superbe où se reconstitue la famille atypique… Il faut dire et redire que les trois acteurs sont tout bonnement incroyables de justesse et de force, la surprise (on connaissait déjà le talent d'Anne Dorval, citée plus haut, et de Suzanne Clément) venant du jeune et formidable (autant dans la tendresse que la violence) Antoine Olivier Pilon.

Et puis il y a la mise en scène… Dolan ose tout, notamment le cadre carré pour être au plus près des personnages, enfermés justement dans le cadre familial ou carcéral (qui menace le jeune Steve), les plans séquences à hauteur de skate qui apportent du souffle, les lumières orangées ou rosées qui insufflent l'espoir dans le destin grave des personnages. On se rend bien compte que, dans les lignes qui précèdent, on n'a pas lésiné sur les superlatifs, mais tant pis pour les tièdes (de toute façon Dieu les vomit) : ce film est tout entier au superlatif et à y repenser de trop près on se surprend à avoir les larmes qui montent…