La Route sauvage TP

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Charley Thompson a 15 ans et a appris à vivre seul avec un père inconstant. Tout juste arrivé dans l’Oregon, le garçon se trouve un petit boulot chez un entraîneur de chevaux et se prend d’affection pour Lean on Pete, un pur-sang en fin de carrière. Le jour où Charley se retrouve totalement livré à lui-même, il décide de s’enfuir avec Lean on Pete, à la recherche de sa tante dont il n'a qu’un lointain souvenir. Dans l'espoir de trouver enfin un foyer, ils entament ensemble un long voyage…

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Comme le magnifique The RiderLa Route sauvage trouve son ancrage et son inspiration dans les paysages et les mythes ô combien cinématographiques du western et nous entraîne dans un splendide voyage dans le Grand Ouest américain, adaptant un roman du folk singer de l'Oregon Willy Vlautin. Au cœur du récit, le jeune Charley, 15 ans, laissé à lui même par un père inconstant, fêtard et séducteur, aimant sans doute mais plus encore irresponsable. Charley retrouve goût à la vie et espoir dans un avenir jusque là mal barré quand il croise le chemin de Del, entraîneur de chevaux de courses qui lui propose un petit boulot. Charley se construit là une famille de substitution, avec également Bonnie, une jeune femme jockey désabusée, brisée par les chutes et par les déceptions de la vie. Mais surtout l'adolescent se prend d'affection pour Lean on Pete (c'est le titre original du film), un vieux cheval qui dispute sans doute ses dernières courses et qui risque bien d'être rapidement conduit à l'abattoir : le milieu des courses n'est pas tendre avec les chevaux devenus inutiles… Mais Charley ne va pas laisser faire : quand il sent que le sort funeste de Lean on Pete est scellé, il se lance avec lui dans une fuite aventureuse à travers les montagnes et les étendues arides du Nord-Ouest américain, à la recherche d'une tante adorée dont la vie l'a séparé.
La Route sauvage, dont le titre français sonne comme celui d'un western de John Ford ou d'Henri Hattaway, est un grand beau film à la fois exaltant et désenchanté. Andrew Haigh décrit bien l'univers agité et pathétique des courses de chevaux de deuxième zone, petits gagnants et grands perdants, avec ses entraîneurs magouilleurs dont on ne sait trop si on doit les trouver antipathiques ou pittoresques. Mais on trouve en contrepoint, aussi bien dans le regard usé mais qui veut encore y croire de Bonnie que dans l'œil neuf et candide de Charley, le profond amour des chevaux qui les habite et qu'ils nous transmettent. Et puis il y a le plaisir du voyage dans ces espaces où nulle frontière d'Etat ne semble pouvoir vous arrêter, de la balade dans ces immensités qui font partie intégrante de l'histoire du cinéma américain et de l'amour qu'on lui porte, ici magnifiées par le travail remarquable du directeur de la photographie.
C'est aussi et surtout le film d'une reconstruction, celle de Charley (impressionnante interprétation du jeune Charlie Plummer, récompensé dans plusieurs festivals), adolescent formidablement attachant qui, avant de basculer dans l'âge adulte dont il pressent bien tous les renoncements qui l'accompagnent, veut retrouver coûte que coûte la chaleur d'un foyer incarné par cette tante perdue dont il cherche inlassablement la trace à l'autre bout de l'Etat, autant dire à l'autre bout du monde. Et cette quête est aussi bouleversante que le voyage lui-même.