Miraï, ma petite sœur TP

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Kun est un petit garçon à l’enfance heureuse jusqu'à l’arrivée de Miraï, sa petite sœur. Jaloux de ce bébé qui monopolise l’attention de ses parents, il se replie peu à peu sur lui-même. Au fond de son jardin, où il se réfugie souvent, se trouve un arbre généalo-magique. Soudain, Kun est propulsé dans un monde fantastique où vont se mêler passé et futur. Il rencontrera tour à tour ses proches à divers âges de leur vie : sa mère petite fille, son arrière-grand-père dans sa trépidante jeunesse et sa petite sœur adolescente !

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QUINZAINE DES RÉALISATEURS 2018

La famille, source  d’inspiration sans fin

Sorti en 2012, Les enfants loups, Ame & Yuki donnait l’occasion à Mamoru Hosoda de franchir un nouveau cap dans sa carrière. Un an auparavant, le cinéaste avait fondé son studio d’animation, Chizu, avec le producteur Yuichiro Saito, qui le suit depuis ses débuts. L’occasion pour les deux hommes de voler de leurs propres ailes et surtout d’entourer Hosoda d’une bulle intimiste, afin de l’aider à trouver la meilleure forme possible pour la création de ses films, tout en maximisant la possibilité de les faire circuler dans le monde entier. Après Le garçon et la bête en 2015, Hosoda vient de réaliser Miraï, ma petite sœur, présenté à la Quinzaine des réalisateurs, mais aussi retenu en compétition du Festival d’Annecy. L’histoire se déroule au travers des yeux d’un petit garçon de quatre ans confronté à l’arrivée d’une petite sœur qui va monopoliser l’attention de ses parents. Se repliant sur lui-même, il trouve refuge dans le jardin familial où se trouve un arbre généalo-magique. Kun va basculer dans un monde fantastique qui l’aidera à comprendre ce qui lui arrive. Les thèmes centraux de ses films étant toujours puisés dans des épisodes de sa vie personnelle, Hosoda s’est inspiré cette fois de sa propre famille pour aborder le thème de la fraternité. “J’ai envie d’encourager les enfants du monde entier à célébrer leur futur. Car ils portent l’avenir sur leurs épaules dans nos sociétés en constante transformation”.

Mamoru Hosoda est sans doute, n’ayons pas peur des lauriers, l’un des plus grands réalisateurs d’animation, talonnant les maîtres Miyazaki et le regretté Takahata. Grâce à son éclectisme, à sa manière moderne, tendre et drôle, d’aborder des thèmes traditionnels comme la filiation, le temps, les rapports entre parents et enfants, Mamoru Hosoda parvient à nous embarquer dans un univers ultra codé tout en sachant créer des images d’une fraîcheur et d’une vivacité incroyables qui séduisent dès les premiers instants. Après le splendide Ame et Yuki, les enfants loups, Miraï, ma petite sœur raconte en toute simplicité mais avec quelle tendresse les bouleversements de l’arrivée d’un bébé dans la vie d’un petit garçon de 4 ans, Kun, que rien ni personne n’avait préparé à ce cataclysme.
Ce héros haut comme trois pommes vivait paisiblement sa vie d’enfant unique (tous les jouets, tout l’espace, toutes les attentions rien que pour lui) quand sa mère débarque un jour avec un petit animal tout rose, braillant, ne sachant rien faire tout seul et qui s’avère être sa sœur prénommée Miraï (avenir en japonais). Comment accepter cette invitée surprise ? Comment survivre à ce soudain déplacement du centre de gravité familial ? Comment communiquer avec ce machin de chair et de larmes qui ne sait même pas jouer avec un train électrique ?
C’est toute l’épopée du film qui va suivre, au cœur de cette maisonnée, comme s’il s’agissait d’une Odyssée grandiose, l’apprivoisement mutuel du grand frère et de la petite sœur. Sans cesse tiraillé entre l’envie de se débarrasser de Miraï en douce et celle de la serrer dans ses petits bras maladroits, Kun balance constamment entre la réalité et la fantasmagorie, entre ce qu’il vit et ce qu’il ressent. Et pour lui ces deux niveaux sont aussi « vrais » l’un que l’autre, comme sont « vrais » ses voyages dans l’espace et dans le temps. Parce que Kun voyage : il rencontre son grand-père disparu qui lui enseigne à dompter sa peur, un grand-père en pleine jeunesse qu’il reconnaîtra ensuite dans l’album de photos de famille. Mais il discute aussi avec sa petite sœur devenue grande, sa propre mère encore enfant, puis il emprunte un de ces trains dont il est passionné pour un voyage initiatique jusque dans une gare de Tokyo, entre rêve et cauchemar. 
Il y a là toute la poésie d’un Totoro, la douceur espiègle d’une Princesse Kaguya et la loufoquerie tendre de la Palme d’Or que vous découvrirez à partir du 12 décembre, Une affaire de famille, d’un autre maître japonais, Hirokazu Kore-eda.
Vous l’aurez compris, voilà un bijou qu’il ne faut pas laisser aux yeux des seuls jeunes spectateurs… et si vous n’y retrouvez pas toutes les émotions belles, colorées et simples de votre enfance, je vous offre illico un aller simple pour Tokyo.