Alice et le Maire

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Le maire de Lyon, Paul Théraneau, va mal. Il n’a plus une seule idée. Après trente ans de vie politique, il se sent complètement vide. Pour remédier à ce problème, on décide de lui adjoindre une jeune et brillante philosophe, Alice Heimann. Un dialogue se noue, qui rapproche Alice et le maire et ébranle leurs certitudes.

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QUINZAINE DES RÉALISATEURS 2019

Drôle d’endroit pour une rencontre

S’inscrivant dans la continuité du travail de Nicolas Pariser sur le monde politique, Alice et le maire est né du désir du cinéaste “de faire le portrait d’une figure politique locale, un maire de grande ville  ou un président de région”. Il a de nouveau travaillé avec Emmanuel Agneray, qui avait déjà produit Le grand jeu. “Ce que j’aime chez lui, c’est son enthousiasme, sa foi et surtout sa volonté farouche de rendre mes projets possibles, dans une économie adaptée. Nous avons entamé un dialogue sur mes films et le cinéma en général il y a près de dix ans. Cela nourrit évidemment beaucoup mon travail.” “En accord avec Nicolas, j’avais une priorité s’agissant du financement : la continuité avec les partenaires  qui nous avaient fait confiance sur Le grand jeu, souligne Emmanuel Agneray. C’est l’une des raisons pour  lesquelles nous avons signé avec Arte France Cinéma et avec Bac en France et à l’international. Nous ont rejoints Canal+, la région Auvergne-Rhône-Alpes, l’Avance sur recettes et un pool important de Sofica.” L’envie de travailler avec Fabrice Luchini était aussi à l’origine du projet. “Une fois qu’il a accepté de jouer le rôle du maire, il fallait trouver une comédienne de 30 ans qui allait tenir le choc, qui existerait pleinement face à lui et avec qui je pourrais travailler avec confiance, précise le cinéaste. Le choix d’Anaïs Demoustier a donc été très rapide.” Bien que le film ne soit aucunement un portrait fictionné de Gérard Collomb (qui était alors ministre de l’Intérieur), la municipalité lyonnaise va soudainement refuser de prêter ses locaux, déclenchant une affaire instrumentalisée par l’opposition et qui fera les  délices de la presse locale.

Voici un film qu’on recommande à chaque personne, à chaque citoyen, même s'il ne s'intéresse pas à la politique. Parce qu’il prend au sérieux, sans aigreur, ces grandes questions si essentielles : comment fait-on de la politique aujourd'hui ? Comment prend-on des décisions ? Comment les femmes et les hommes politiques, singulièrement, vivent-ils leur engagement ? Avec, en filigrane, cette question délicate : que fait-on de la lassitude, quand l’exercice du pouvoir ne stimule plus, quand les nouveaux projets ne semblent apporter qu’un jargon neuf plutôt qu’une idée nouvelle ? Après avoir puisé dans l’affaire Tarnac pour Le Grand Jeu, Nicolas Pariser poursuit son exploration de ces milieux de la société contemporaine qui nourrissent à peu près aussi abondamment les unes des médias qu’elles préoccupent peu les scénaristes français de cinéma. Le film pose un regard attentif, bienveillant mais critique, sur nos élus. Depuis L’Exercice de l’État de Pierre Schoeller, nous n’avions plus vu un film d’une telle finesse et d’une telle intelligence s’emparer de ce sujet délicat et si fondamental.