Mr. Turner TP

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MR. TURNER évoque les dernières années de l'existence du peintre britannique, J.M.W Turner.
Artiste reconnu, membre apprécié quoique dissipé de la Royal Academy of Arts, il vit entouré de son père qui est aussi son assistant et de sa dévouée gouvernante.
Il fréquente l'aristocratie, visite les bordels et nourrit son inspiration par ses nombreux voyages.
La renommée dont il jouit ne lui épargne pas toutefois les éventuelles railleries du public ou les sarcasmes de l'establishment. A la mort de son père, profondément affecté, Turner s'isole. Sa vie change cependant quand il rencontre Mrs Booth, propriétaire d'une pension de famille en bord de mer.

Vos commentaires et critiques :

SPÉCIAL CANNES

Attention: chef-d'œuvre  

Mike Leigh nous montre avec une truculence jubilatoire toute la complexité du personnage durant les vingt dernières années de sa vie, sans jamais oublier, en arrière-plan, le créateur génial. Le film s’ouvre d’ailleurs sur un superbe travelling qui filme les plaines marécageuses flamandes, avec leurs célèbres moulins à vent, qu’arpentait le peintre aux aurores. Puis on retrouve peu après Turner de retour chez lui auprès de son père, premier afficionado de son fils qui, après avoir été barbier toute sa vie, devint malgré son grand âge son assistant, négociant les couleurs, se brisant le dos à monter les toiles. Et cette relation père/fils est bouleversante, tout autant que la description de la création en action quand par exemple Turner, gros et malade, se fait attacher au faîte d’un mat en pleine tempête pour mieux appréhender la furie des vagues…

Toute la force du film est de savoir jouer de l’alternance entre les scènes reflétant la pratique artistique, qui montrent que Turner était un génie d’avant-garde face à ses comparses de l’Académie – ce qui lui valut d’ailleurs le mépris de la très conformiste Reine Victoria, fort peu férue de ses peintures de plus en plus abstraites – et les séquences intimes plus touchantes, notamment dans la dernière partie de sa vie où il s’installa à Margate, la ville côtière de son enfance, avec la logeuse désormais veuve qui avait abrité ses créations face à l’estuaire. Ces vingt ans dans la vie du grand peintre sont aussi l’occasion pour Mike Leigh de décrire brillamment l’époque, l’avènement de la révolution industrielle avec le train à vapeur (Turner peignit magnifiquement les premières locomotives traversant l’Angleterre, tout comme les vapeurs de la Tamise), les évolutions technologiques avec l’arrivée de la photographie dont Turner comprit très vite qu’elle allait bouleverser le regard des peintres et qui le passionna.

Mr Turner doit évidemment beaucoup à la prestation impressionnante de Timothy Spall, l’acteur fétiche de Mike Leigh, qui a vieilli avec son œuvre. Avare de mots mais pas de gestes, de mimiques, de grommellements, Timothy Spall campe un inoubliable Turner, massif, organique, sauvage, irréductible.