Manille -12

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Julio, 21 ans, a quitté il y a sept mois son village de pêcheurs pour Manille afin de retrouver sa fiancée, Ligaya. Cette dernière s’en est aussi allée à la capitale où du travail l’attendait. Mais lorsqu’elle a cessé de donner des nouvelles, Julio a tout laissé derrière lui pour partir à la recherche de sa bien-aimée. Bientôt à court d’argent, il se fait embaucher comme ouvrier sur un chantier. Julio découvre peu à peu l’univers du sous-prolétariat à Manille entre prostitution, corruption et pauvreté extrême…

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Les griffes du néon

Si on a pu voir les films de Lino Brocka (1939-1991) et si on peut les redécouvrir aujourd’hui (au moins Manille, en attendant la restauration de son œuvre complète), c’est grâce à la fidélité de Pierre Rissient. Brocka a débuté en tant que metteur en scène pour la télévision, activité qu’il a toujours poursuivie en même temps que sa carrière cinématographique. Alors que les grosses productions à destination du grand public rencontrent un grand succès aux Philippines dans les années 1970, il entreprend une œuvre à visée artistique et informative, dans le but d’éveiller les consciences de ses concitoyens. « Brocka n’est pas un héros solitaire, écrivait Serge Daney, il est un personnage public, bien que marginal, exposé et calomnié, il reste protégé par sa notoriété à l’étranger. Il a quelques traits essentiels en commun avec Pasolini : le respect de la culture dite "inférieure", un attachement pour la beauté des corps et une volonté de disséquer les liens sociaux qu’ils représentent.  » Traitant de sujets politiques et sociaux, le réalisateur laisse derrière lui une œuvre singulière, à la fois arty et populaire. En présentant Manille lors de Cannes Classics en 2013, Pierre Rissient a déclaré : « Il reste sans aucun doute plusieurs personnes qui se souviennent encore de ce jour-là, au Festival de Cannes 1978, lorsque des rumeurs ont commencé à circuler sur un film à faible budget des Philippines. Lino était l’un des cinéastes les plus physiques que le cinéma ait jamais eus. Une véritable boule de feu. Il connaissait toutes les artères de cette ville grouillante, et il les infiltra comme il le fit avec les marginaux et les parias. Quand vous regardez Manille, vous êtes brûlés par une flamme qui ne s’éteint jamais. » L’histoire de cette descente aux enfers de Julio, indissociable de la découverte de la capitale philippine, est bouleversante. La copie du film a été restaurée en 2013 par la World Cinema Foundation et le Film Development Council des Philippes, au laboratoire de la Cineteca di Bologna / L’Immagine Ritrovata, sous la supervision avisée de Mike De Leon, directeur de la photographie du film.