Leviathan TP

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En embarquant sur un chalutier pour dresser le portrait d'une des plus vieilles entreprises humaines, Véréna Paravel et Lucien Castaing-Taylor témoignent, dans un flot d'images sidérant, de l'affrontement qui engage l'homme, la nature et la machine. Tourné à l'aide d'une dizaine de caméras numériques ballottées au gré du vent et des vagues, sanglées aux corps des pêcheurs, aux cordages du bateau, gommant tous repères, et où la mer et le ciel finissent par se confondre, ce documentaire nous avertit des menaces de la pêche intensive autant qu'il révèle la beauté foudroyante des entrailles de l'océan.

Vos commentaires et critiques :

Grâce à 10 cameras numériques, Lucien Castaing-Taylor et Véréna Paravel nous plongent d’entrée au cœur d’une obscurité abyssale trouée d’un déluge de flashes multicolores floquant cirés, chaines, flots… Simultanément, étourdis par le bruit infernal du métal et de la mer, nous devenons les témoins privilégiés de l’appareil digestif du chalutier en train d’avaler et stocker les poissons, depuis ses filets jusqu’à sa cale, avec l’équipage pour enzymes. Entre les cormorans, les moteurs, les vagues : jamais de silence. Parfois, on quitte le pont pour les entrailles océanes, le temps de rafler une montagne de coquillages qui s’échouent sur le pont en tintinnabulant telles des pièces éjectées d’un porte-monnaie retourné. Puis, un moment ironique s’attarde : ainsi la vision d’une sirène tatouée sur le bras d’un matelot ou, à minuit, quand le capitaine, épuisé, regarde la télé, le regard plus vide que celui de ses pois-sons.
Entamé sur des images d’une beauté souvent sidérante et sous les auspices de Job (41,1), ce combat apocalyptique entre l’homme, le bateau, le ciel et la mer nous ballote jusqu’à nous ôter tout repère spatial, nous transformant peu à peu en Jonas perdu dans le ventre de sa baleine pour finalement nous régurgiter avec l’impression d’être devenu Noé, les mouettes remplaçant la colombe.