Ma belle gosse TP

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Maden, 17 ans. Un été sur l'île de Ré. Elle attend le courrier. Entre sa chambre et la plage, son père et ses cousins, la maison et, tout près, la prison.
  • Titre original : Ma belle gosse
  • Fiche mise à jour le 11/09/2013
  • Classification : Tous publics
  • Année de production : 2012
  • Réalisé par : Shalimar Preuss
  • Acteurs principaux : Lou Aziosmanoff, Jocelyn Lagarrigue, Victor Laforge
  • Date de sortie : 11 septembre 2013
  • Date de reprise : non renseignée
  • Distributeur France : non renseigné
  • Distributeur international : Nour Films
  • Durée : 83 minutes
  • Origine(s) : France
  • Genre(s) : Drame
  • Pellicule : couleur
  • Format de projection : 1.85
  • Format son : 5.1
  • Visa d'exploitation : non renseigné
  • Indice Bdfci :
    65%
  • 5,8/10
    (18 votes)
    Imdb
    2.5
    3,1/5
    (17 votes)
    Allociné
    3

Vos commentaires et critiques :

La Citadelle
C'est pas pour dire, mais on n'est guère sérieuse quand on a dix-sept ans. C'est pourtant pas l'envie qui manque, on est à peine sortie de l'enfance (et encore, est-ce bien sûr ?), on entrevoit l'horizon, on singe les adultes en s'efforçant de les garder à distance, il faut s'affranchir du regard des parents, ça fait grincer, rugir, fuir, se butter, dieu que la mue est difficile. Difficile et charmante, l'âge des émois, des rêves indicibles et des expériences secrètes où l'on cherche à se réinventer, où l'on se croit unique, indestructible, ultime et première.
Prenez Maden, c'est l'été et elle est en vacances dans la maison familiale sur l'île de Ré. Maden a dix-sept ans tout pile, elle est l'aînée de la ribambelle de cousines et de cousins qui remplit la vieille bicoque d'un incessant tourbillon et la fait résonner de cris, de rires, de jeux enfantins et de petits drames, les vacances quoi. Maden joue volontiers, crapahute sur les plages et dans les blockhaus désaffectés, participe aux mille et une bêtises des petits, quitte à parfois paraître irresponsable aux yeux des adultes. Mais l'est-on vraiment déjà, responsable, quand on est en vacances et qu'on a dix-sept ans ?

Maden, aînée d'une famille recomposée, voit son père arriver quand sa mère, selon un ballet bien réglé, prend quelques jours la tangente. Mais que dire à ce père, qui ne semble pas la voir mais fait tellement pour se rapprocher ? Quelle complicité partager, hormis quelques leçons de conduite sur un parking de supermarché ? Quels secrets partager ? Maden en a bien un, de secret. Mais c'est justement le dernier qu'elle voudrait confier (pas même aux cousines, c'est dire…). Maden est entrée à sa façon dans sa vie d'adulte, comme souvent, par l'amour. Mais elle attaque la montée par la face nord, la bien raide, bien escarpée. Au hasard d'une petite annonce qui lui a paru sans doute sensible, poétique, Maden a entamé une correspondance avec un jeune homme qu'elle n'a jamais vu. Un chevalier esseulé retenu dans un donjon, celui qui commence invariablement ses lettres par « Ma belle gosse ». Pas bien loin le donjon, puisqu'elle lui écrit à la forteresse Vauban, sise sur de l'île de Ré. Centrale, maison d'arrêt, prison, mais sur les panneaux, pour ne pas effrayer le touriste, on l'a pudiquement et simplement baptisée citadelle. Au milieu du bruit le soir, ou pour tromper la langueur du soleil de midi, Maden se réfugie, mutique, dans une correspondance douce et passionnée qui dégage un parfum entêtant de romantisme adolescent. Un contact enfermé, mais un contact avec le monde, un autre monde, qui ne serait pas celui de sa famille. Au risque que le secret s'évente et qu'elle se sente immensément naïve…

Dans Ma belle gosse, premier film épatant, Shalimar Preuss excelle à décrire l'enfance. Cette micro-société vibrionnante où la tendresse et le jeu ne sont jamais bien loin de la cruauté, tant que c'est pour de rire. Les jeunes comédien sont fascinants de justesse à cet âge où le temps des vacances s'étire à l'infini et où rien, jamais, ne semble définitif. Et puis, en faisant le portrait généreux, attentionné de Maden, toute en silences et en quête de sens, Shalimar Preuss parvient à toucher en douceur ce moment fugace où il faut bien s’en défaire, de l’enfance, plutôt maladroitement. C’est qu’on n’est guère sérieuse, quand on a dix-sept ans.