Mère et fils -12

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Cornelia, 60 ans, mène une vie privilégiée à Bucarest, entourée de ses amis riches et puissants.
Pourtant, les relations tendues qu'elle entretient avec son fils la tourmentent. Celui-ci repousse autant qu'il peut la présence d'une mère possessive.
Quand Cornelia apprend qu'il est impliqué dans un accident de voiture qui a coûté la vie à un enfant, elle va utiliser toute son influence pour le sortir de cette situation où il risque une sévère peine de prison.
Mais l'enfer du fils est pavé des bonnes intentions de sa mère. La frontière entre amour maternel et manipulation est mince...

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Ce MÈRE ET FILS signé par un réalisateur roumain de trente-huit ans dont c'est le troisième long métrage, s'inscrirait plutôt dans la tradition de la représentation des mères louves, celle qui sont prêtes à tout pour protéger leurs petits, y compris contre leur volonté.

Quand on la rencontre, Cornelia a toute l'apparence d'une sexagénaire sociable, cultivée, sensée, rien d'une harpie. Elle fait partie de la bonne société de Bucarest, celle qui a dû composer avec le régime de Ceausescu avant de se convertir à la nouvelle doctrine ultralibérale pour garder ses avantages. Son mari est un médecin réputé, et dans le salon familial se croise personnages politiques, sopranos célèbres… Cornelia est une femme de pouvoir qui aime tout contrôler. Tout et tout le monde si l'on en juge par son attitude envers son mari, avec qui elle fait chambre à part, tout en s'arrangeant pour régir sa vie à sa guise. Elle aimerait aussi régir la vie de son fils Barbu, mais celui-ci ne semble pas vouloir se laisser faire, et c'est sans doute le problème principal de la vie actuelle de Cornelia. Barbu préfère mener sa vie de son côté, avec sa fiancée Carmen (que Cornelia déteste évidemment), loin de l'emprise maternelle.

Mais un événement tragique va changer la donne…

Mère et fils est le portrait d'une mère vampirique et pourtant incontestablement attachante, génialement interprétée par Luminiţa Gheorghiu, comédienne très connue en Roumanie, qui exprime à merveille les capacités extraordinaires de manipulation de son personnage, autant sur les policiers corrompus que sur son propre fils, une mère almodovarienne, mais en moins pittoresque et en plus inquiétante. Une mère qui est aussi une femme déçue par un mari falot et qui reporte sur son fils tout un tas d'attentes, voire de désirs mal identifiés.

À partir de ce portrait psychologique d'une intensité rare se dessine une description acide voire apocalyptique d'un pays en proie à une justice et une police de classe, où les jeux d'influence et l'argent peuvent tout régler, même la mort d'un enfant. Mais le film se garde bien d'être manichéen et univoque, même les salauds et les irresponsables ont le droit d'avoir une conscience et donc le droit de ne pas être jugés sans appel… Là est peut-être la morale de ce Mère et fils plus complexe que confortable, et qui fait naître l'émotion de cette complexité justement.