Get on Up -12

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Inspiré de la vie tumultueuse du parrain de la soul James Brown, le film nous embarque au gré de sa musique, de ses humeurs et de ses expériences dans un périple sans concession, de son enfance misérable jusqu'à sa position de figure emblématique du XXe siècle.

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Le Groove c'est un cœur qui bat

Né en 1933, James Brown, le futur « Parrain de la soul », grandit en Georgie. Il connaît une enfance très difficile, marquée par la pauvreté et l'abandon de sa mère. Pris en charge par sa tante, James ramasse du coton, cire des chaussures et commence à se produire dans des salles de danse mais tombe vite dans la délinquance. À 16 ans, il est incarcéré dans un centre de détention juvénile après avoir commis une attaque à main armée. Après sa libération, 3 ans plus tard, il intègre le groupe de rhythm and blues de son ami Bobby Byrd. C'est ainsi que démarre sa carrière musicale. James Brown impose au fil des ans un style unique, nerveux, explosif et sexy en diable, qui fera de lui une des légendes de la soul et du funk.

Faire revivre James Brown à l'écran tenait presque de la mission impossible tellement l'artiste était spectaculaire et le personnage, plus grand que nature. Ce défi casse-gueule, Get On Up le relève avec brio.

Chadwick Boseman, déjà très bon en Jackie Robinson dans le film 42, fait un «Godfather of Soul» extraordinaire. À la fois introverti et exubérant, son James Brown est l'homme fier que son entourage appelle monsieur, mais aussi l'être profondément blessé et paranoïaque qui se vante de ne rien devoir à personne. Boseman incarne parfaitement le créateur très sûr de ses moyens et de ce qu'il veut, et l'artiste instinctif que même ses musiciens n'arrivent pas à suivre mais qui continue à ce jour d'inspirer des générations de musiciens de toutes allégeances. Il est enfin l'homme d'affaires avisé et rusé qui fera fi des diktats de l'industrie du spectacle et imposera sa loi.

Boseman est tout cela et beaucoup plus encore. Il a tellement bien intégré la gestuelle et les chorégraphies de Brown que chacune de ses présences sur scène, depuis le spectacle à l'Apollo et le T.A.M.I. Show des années 60 jusqu'à sa prestation à l'Olympia de Paris en 1971, n'est rien de moins qu'électrisante.

Autour de lui gravitent des personnages fort bien défendus, comme Bobby Byrd (Nelsan Ellis), le fidèle compagnon de route qui s'effacera derrière celui dont il a reconnu le génie, mais aussi la Susie Brown (Viola Davis), moins présente, qui a abandonné son fils dès l'enfance et l'a renié par la suite. Leurs retrouvailles bouleversantes constituent l'un des moments forts de ce film, qui ne baigne pas dans l'eau de rose. Et que dire du jeune James Brown, l'enfant poqué magnifique d'intériorité qu'incarnent à tour de rôle les jumeaux Jordan et Jamarion Scott.

Le réalisateur Tate Taylor, qui renoue avec trois de ses acteurs de The Help (Ellis, Davis et Octavia Spencer), contourne habilement les pièges du biofilm traditionnel. Son récit multiplie les allers retours dans le temps, de l'enfance misérable de Brown dans un bois de la Caroline-du-Sud jusqu'aux grandes étapes de sa carrière exceptionnelle, et il permet même à son personnage principal de s'adresser directement à la caméra, un procédé dont il n'abuse pas. Ce faisant, Taylor donne à son James Brown une profondeur et une complexité auxquelles ne parviennent pas toujours les films du genre.

Get On Up est évidemment une fête de la musique toujours actuelle de cet artiste visionnaire. La présence du coproducteur Mick Jagger, lequel a ressuscité ce projet de film qui dormait sur une tablette, y est pour quelque chose. Ce sont bel et bien les chansons de James Brown, remixées à partir des bandes originales, qu'on entend. Pourtant, quand on voit Boseman, Ellis et les acteurs qui jouent les musiciens Maceo Parker, Bootsy Collins ou Pee-wee Ellis les «jouer», l'illusion est parfaite.