Gemma Bovery

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Martin est un ex-bobo parisien, reconverti plus ou moins volontairement en boulanger d'un village normand. De ses ambitions de jeunesse, il lui reste une forte capacité d'imagination, et une passion toujours vive pour la grande littérature, celle de Gustave Flaubert en particulier. On devine son émoi lorsqu'un couple d'Anglais, aux noms étrangement familiers, vient s'installer dans une fermette du voisinage. Non seulement les nouveaux venus s'appellent Gemma et Charles Bovery, mais encore leurs comportements semblent inspirés par les héros de Flaubert. Pour le créateur qui sommeille en Martin, l'occasion est trop belle de pétrir – outre sa farine quotidienne – le destin de personnages en chair et en os. Mais la jolie Gemma Bovery, elle, n'a pas lu les classiques, et entend bien vivre sa propre vie...

Vos commentaires et critiques :

Martin est boulanger, mais du genre atypique. Un boulanger un brin rêveur qui pétrit sa pâte comme on écrirait un poème. Martin fait du pain avec ses mains, ce qui laisse tout le temps à son esprit vagabond d’aller et venir au gré de ses pensées, de ses regrets peut-être, de ses désirs sans doute. Il observe depuis son fournil de privilégié la vie comme elle va autour de lui, dans ce petit village normand que l’on croirait tiré d’une carte postale, à moins que ce ne soit d’un roman, Madame Bovary par exemple, dont le titre original complet était Madame Bovary, mœurs de province.

Aussi donc, quand les Bovery prennent possession de la vieille demeure située de l’autre côté de la rue, Martin observe ce couple avec un mélange de fascination et de curiosité un peu déplacée, analysant leurs attitudes à travers le prisme des mots de Flaubert, imaginant tout ce qu’il ne voit pas, fantasmant sur l’ennui supposé de la belle Gemma, présupposant ses faits, ses gestes et même et surtout ses élans du corps et du cœur.

Car Gemma est d’une beauté romanesque et sauvage, sa silhouette sexy n'a nul besoin d’artifices ni de ruses, c'est une fille qui semble se réjouir avec sincérité des joies simples de la vie : un bouquet de fleurs des champs, une belle bâtisse, un morceau croustillant de pain 5 céréales sans gluten encore tout chaud. Nul doute qu’elle ne craque aussi pour ce jeune et blondinet châtelain, figure qui aurait tout à fait sa place parmi la liste des prétendants ou amants de la douce idéaliste Emma Bovary. La fin de Gemma sera-t-elle aussi tragique que celle de l’héroïne de Flaubert ? Il faudra venir voir le film pour le savoir !

Charmante variation littéraire à la plume savamment ciselée (on retrouve la patte caustique, fine d’intelligence et de drôlerie, de Pascal Bonitzer,) Gemma Bovary est une fable douce-amère sur les vies que l’on vit par procuration, sur le pouvoir des mots et la force des grandes œuvres littéraires, mais aussi sur les tics et coutumes parfois ridicules d’une certaine petite bourgeoisie de province (Elsa Zylberstein en adepte du bio et du cardio-training d’intérieur est impayable). Les fans de Luchini seront aux anges : ils le retrouveront ici dans un personnage proche cousin de celui qu’il campait dans Alceste à Bicyclette : toujours drôle, un brin cynique.