La Rançon de la gloire

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À la fin des années 70 à Vevey, une petite ville au bord du lac Léman, Eddy Ricaart sort de prison. Il est accueilli par son ami Osman Bricha. Les deux hommes ont un marché : Osman héberge Eddy à la condition que ce dernier s'occupe de sa fille de sept ans, le temps que sa femme subisse des examens à l'hôpital. Mais le duo est sans le sous. Quand Eddy apprend le décès du comédien Charlie Chaplin, il décide de voler le cercueil et de demander une rançon à la famille...

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Quatre ans après le succès phénoménal, mais avant tout insoupçonné, que ce soit critique comme public, du film Des Hommes et Des Dieux, Xavier Beauvois passe une nouvelle fois derrière la caméra. Pour rappel, Des Hommes et des Dieux ce n’est pas moins de sept récompenses, dont le Grand Prix à Cannes en 2010 et trois Césars en 2011 dont celui du Meilleur Film et du Meilleur Second Rôle pour l’immense Michael Lonsdale. Pour cette sixième réalisation, plus de religion au programme, mais toujours les thèmes scénaristiques qui sont chers au réalisateur français. Parce que oui, sur ce film Xavier Beauvois tient la double casquette réalisateur/scénariste comme à son habitude. Comment passer après un film au succès aussi retentissant que Des Hommes et Des Dieux ? La réponse est simple et sans appel : en mettant en scène une petite comédie dramatique gentillette et humble.

Ce qui fait dans un premier temps le charme de ce nouveau long-métrage, c’est cette humilité saisissante et attendrissante que l’on retrouve dans l’écriture du récit ainsi que dans la caractérisation des personnages. La Rançon de la Gloire conte aux spectateurs l’histoire vraie de deux hommes, qui pour réunir de l’argent dans le but de payer les frais d’hôpitaux pour la femme d’un des deux hommes, décident de kidnapper le cercueil de Charlie Chaplin, acteur à la renommée internationale, qui vient de décédé et d’être exhumé en Suisse. Cette histoire aussi invraisemblable que véridique dans les grandes lignes, repose sur deux personnages que tout oppose, deux amis de toujours interprétés par Roschdy Zem et Benoît Poelvoorde. Alors que le premier reste passif et laisse le drame de sa vie prendre le dessus sur les émotions qu’il pourrait extérioriser, lui donnant une humilité et une réserve rappelant étroitement Charlot dans ses plus grands spectacles, le second est un saltimbanque que rien n’effraie et qui possède la naïveté et insouciance touchante d’un enfant en bas age. Complémentaires, les deux personnages ne se donnent pas en spectacle à la manière d’un duo burlesque, mais combinent leurs caractères pour créer un duo unique, un duo qui reprend les codes si représentatifs de Charlot. À la fois attachant et insouciant, mais également maladroit et touchant, cet enfant qu’était Charlot se jouait de chaque situation et offrait aux spectateurs un divertissement unique. Un moment de grâce drôle et touchant par l’insouciance, mais ponctué d’élégance grâce aux chorégraphies orchestrées par Charlie Chaplin. Ne pas faire l’amalgame et oublier que Charlot, le personnage de fiction, n’est qu’un personnage et n’a, d’après ce qu’on en sait, que très peu à voir avec le cinéaste perfectionniste Charlie Chaplin.

Prévisible dans les grandes lignes, La Rançon de la Gloire est un bel hommage au cinéma de Charlie Chaplin et en reprend avec élégance et tendresse les grandes lignes, sans oser jouer avec le burlesque. Là où Charlie Chaplin manipulait avec minutie les différents registres comiques et réussissait à rire de tout, chose sur laquelle on devrait tous et toutes prendre exemple. Au-delà de son simple statut de comédie dramatique, La Rançon de la Gloire est une fable, une fable qui nous fait repenser aux grandes lignes et à la morale bienveillante des Temps Modernes. Certains diront du film qu’il est naïf ou même « nian-nian », pour utiliser un langage plus familier, mais j’y vois surtout une volonté de faire une fable accessible au plus grand nombre. Une fable qui essaye tant bien que mal à faire renaître par la comédie et le drame, une bonhomie ambiante, tout en touchant grâce à des personnages qui vivent dans la pauvreté, mais qui vivent bien, qui sont heureux. Car oui, au-delà de jouer avec les registres de la comédie et du drame, Xavier Beauvois réussi assez bien à user de la classe sociale des personnages pour ne pas en faire une critique acerbe envers notre société. Au contraire, il met en scène des personnages qui sont heureux de vivre tels qu’ils sont, mais qui dans les moments de plus grands malheurs auraient simplement besoin d’une aide, d’une simple aide. Cette critique est légère et sert au lancement des péripéties, mais elle n’est en aucun cas appuyée de façon à critiquer ouvertement. Xavier Beauvois cherche avec humilité à faire sourire et toucher, mais pas à faire mal ou à dénoncer.

Néanmoins, sous ses airs d’hommage appuyé au cinéma de Charlie Chaplin et sa bienveillance continuelle, La Rançon de la Gloire cache dans l’obscurité quelques fausses notes qui empêche le film d’avoir une orra suffisamment puissante pour attirer les spectateurs en salles. Une bande sonore orchestrale redondante désynchronisée du rythme du montage et de la mise en scène, même si cependant agréable à l’écoute, des scènes qui s’étirent afin de combler des ventres mous, mais également des seconds rôles totalement effacés, à l’exception de Peter Coyote qui réussi une immersion comique fraîche et inattendue dans le dernier tiers du film. La Rançon de la Gloire n’a pas les qualités requises pour être qualifiées de grands films, mais en avait-il la prétention ? À mon humble avis, si personnel et subjectif soit-il même si argumenté depuis quelques paragraphes, non. Comédie dramatique gentillette, tendre et drôle grâce au génie de Benoît Poelvoorde qui réussit à émouvoir tout en faisant sourire, le film réussit son humble hommage avec élégance même si ponctué de fausses notes.