Marie Heurtin TP

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Cette histoire est inspirée de faits réels qui se sont déroulés en France à la fin du 19ème siècle. Née sourde et aveugle en 1885, âgée de 14 ans, Marie Heurtin est incapable de communiquer. Son père, modeste artisan, ne peut se résoudre, comme le lui conseille un médecin qui la juge « débile », à la faire interner dans un asile. En désespoir de cause, il se rend à l'institut de Larnay, près de Poitiers, où des religieuses prennent en charge des jeunes filles sourdes. Malgré le scepticisme de la Mère supérieure, une jeune religieuse, Sœur Marguerite, se fait fort de s'occuper du « petit animal sauvage » qu'est Marie et de tout faire pour la sortir de sa nuit...

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Marie Heurtin est sourde et aveugle de naissance avec, du point de vue de notre xxie siècle, un handicap supplémentaire : celui d'être née en 1885, à une époque où aucune méthode n'est encore développée pour ceux qui sont atteints de ces infirmités… Telle un petit animal sauvage elle devient, à l'âge de quatorze ans, un fardeau pour sa famille. Mais ses parents ne peuvent se résoudre à l'avis du médecin qui la juge « débile » et conseille l'internement psychiatrique. Même si leur fille n'a pas les moyens de sortir de sa prison intime, ils veulent percevoir en elle une vie intérieure, un attachement égal au leur.

En ultime recours, ce couple de modestes artisans se tourne vers l'institut de Larnay où des religieuses – de la congrégation des « Filles de la sagesse » – prennent en charge des jeunes filles sourdes. L'accueil sera pour le moins méfiant face à la « bête furieuse » qui ne connaît d'autre relation que celle développée avec ses proches. C'est un être craintif, apeuré, prostré, pour lequel tout est agression, qui est présenté à la congrégation. Et la mère supérieure, qui veille autant sur les pensionnaires que sur ses sœurs éducatrices, refuse cette « cumularde » dont le comportement singulier effraie. Son refus est cruel mais il s'explique : le cas est trop lourd, il monopoliserait trop d'énergie, de temps plus utile à d'autres. D'autant que rien ne prouve que la pauvre créature ait quoique ce soit dans la caboche…

On en resterait-là si sœur Marguerite n'existait pas. Lorsque la main de la jeune religieuse frôle celle de Marie, elle ressent une lumière, une intelligence qui ne demandent qu'à s'extérioriser, qu'à aller vers les autres. Malgré l'obéissance due a sa hiérarchie, les excellents arguments de cette dernière qui s'inquiète de son état de santé fragile, elle ne se résigne pas, revient inépuisablement à la charge. Jusqu'à ce que sa supérieure cède. Et c'est avec cette même détermination irréductible, enthousiaste, que la nonnette va se battre, expérimenter des méthodes pour aider Marie, tâtonner, inventer, s'énerver, mais toujours refuser de baisser les bras… Son entêtement hors du commun, irréductible, force l'admiration, galvaniserait les pierres ! Il manquent deux sens à Marie pour appréhender le monde ? Qu'à cela ne tienne ! Il lui reste les autres : l'odorat, le goût, le toucher !

C'est un récit bouleversant, plein d'espoir et parfois même très joyeux, sans une once de bondieuserie. Isabelle Carré incarne avec évidence et conviction cette religieuse candide et lumineuse. Et la jeune Ariana Rivoire (elle-même sourde mais pas aveugle), dont c'est le premier film, est d'une justesse impressionnante. Toutes deux formant un duo atypique qui transpire littéralement l'intelligence, l'énergie, la soif de vivre. C'est fou comme en parlant de la privation des sens Jean-Pierre Améris parvient à exacerber les nôtres, à nous rendre plus attentifs à la beauté qui nous entoure et à faire évoluer le regard qu'on porte sur les personnes handicapées…