Miss Hokusai TP

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En 1814, HOKUSAI est un peintre reconnu de tout le Japon. Il réside avec sa fille O-Ei dans la ville d'EDO (l'actuelle TOKYO), enfermés la plupart du temps dans leur étrange atelier aux allures de taudis. Le

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Dans les pas des stars de l'animation japonaise que sont Hayao Miyasaki et Isao Takahata, qui ont apparemment pris leur retraite, une nouvelle génération d'artistes a pris la relève : de Mamoru Osada à Mizuho Nishikubo (auteur du très beau L'Île de Giovanni produit par le même studio I.G.), ils offrent des films dignes de leurs glorieux aînés. Ce nouvel opus de Keiichi Hara (Un été avec Coo et Colorful) en apporte une nouvelle preuve, toute d'intelligence, de tendresse et de poésie. En 1814, Hokusai est un peintre reconnu de tout le Japon. Il réside avec sa fille O-Ei dans la grande ville d’Edo (l’actuelle Tokyo). Ils vivent enfermés la plupart du temps dans leur étrange atelier aux allures de taudis. Le « fou du dessin », comme il se plaisait lui-même à se nommer, et sa fille réalisent à quatre mains des œuvres aujourd’hui célèbres dans le monde entier. Le plus fameux est cette splendide vague dite « de Hokusai » puisqu'on a oublié le titre complet de l'œuvre : « Sous la vague au large de Kanagawa ». Le film retrace une partie de la vie du peintre à travers les souvenirs de sa troisième fille, elle-même artiste. Pour l'époque, O-Ei est une jeune femme singulière au fort caractère, farouchement indépendante, qui assume des mœurs plus libres que ceux communément admises par son milieu et qui contribue à part entière, bien que dans l'ombre, à l'extraordinaire saga artistique de son père, dont elle est bien déterminée à suivre les traces. Hokusai, qui inspira bon nombre d'artistes – Degas ou Monet entre autres –, était courtisé par de nombreux notables qui payaient des sommes énormes pour acquérir ses peintures mais souvent il refusait des commandes lorsqu'il les jugeait à l'opposé de ses principes. O-Ei l'aida souvent dans sa tâche et fut sans doute aussi l'auteur directe de plusieurs œuvres. Indéniable génie du dessin, Hokusai se montra moins admirable dans sa vie quotidienne et déserta totalement son rôle de père : la plus jeune de ses filles, aveugle et malade, fut confiée à un orphelinat car elle représentait un fardeau l'empêchant de se consacrer totalement à son art. Seule O-Ei vint lui rendre visite pour le sortir de sa solitude et lui décrire la beauté de l'environnement. Ces passages qui décrivent les relations entre le père et la fille amènent le film vers un pur mélodrame que n'aurait pas renié un Mizoguchi. Le film questionne aussi l'acte de créer : d'où vient l'inspiration (ce qui donne lieu à des séquences plastiquement magnifiques et oniriques) ? À quel moment une œuvre est vraiment finie ? D'une grande précision dans la reconstitution de l'époque Edo, Miss Hokusai est à la fois une chronique familiale tragique et une comédie enlevée grâce à des personnages secondaires particulièrement truculents. Mais le récit prend aussi à l'occasion les contours d'un conte fantastique… Une œuvre foisonnante et forte qui brosse, avec cohérence, le portrait exaltant d'une artiste méconnue qui était aussi une femme libre.