Mister Universo

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Il était une fois… Il était une fois Tairo, jeune dompteur de fauves dans un petit cirque itinérant des villes et villages de la péninsule italienne. Effondré par la perte de son fer à cheval, son gage de chance et d’amour, Tairo va parcourir l’Italie, à la recherche de celui qui, jadis, lui avait offert ce porte bonheur : Arthur Robin, ex Mister Univers, dit « l’homme le plus fort du monde ». Sur le mode de l’escapade, mêlant personnages réels et fiction, Tizza Covi et Rainer Frimmel continuent avec poésie et humour leur exploration de ces mondes marginaux qui luttent pour perdurer.

Vos commentaires et critiques :

Il vous en souvient peut-être, nous avions il y a quelques années défendu avec enthousiasme le film singulier d’un couple de réalisateurs non moins singuliers : La Pivellina, des italo-autrichiens Tizza Covi et Rainer Frimmel. Un film délicieux et troublant parce qu’entre réalité et fiction (les comédiens n’en étaient pas vraiment, ils jouaient leur propre rôle, même si l’histoire était écrite), il montrait un monde parfaitement méconnu, celui des petits cirques itinérants, qui posent leurs chapiteaux dans les banlieues pauvres des grandes villes italiennes. Un monde à part, bouleversé par la découverte d’une adorable petite fille abandonnée. Un film emballant sur la formidable solidarité des plus fragiles, des exclus. Ce qui force l’admiration chez notre duo, c’est que depuis quinze ans (leur premier documentaire date de 2001), ils creusent le même sillon, s’attachant toujours au même milieu, et c’est bien sûr le cas avec ce Mister Universo qui nous a encore une fois emportés et qu’on vous recommande chaleureusement.
Mister Universo prend pour personnage principal le jeune Tairo. Dans La Pivellina, il avait quatorze ans, il est ici devenu un dompteur brillant et courageux, compagnon de Wendy, la contorsionniste. Un garçon qui entretient un rapport amusant, affectueux et bouleversant avec ses grosses bêbêtes à crinière de deux cents kilos qui pourraient le déchiqueter en deux coups de mâchoire. Un superstitieux qui, avant chaque entrée dans la cage des fauves, touche son fer à cheval, un fer fétiche tordu à la main par un monsieur muscle de passage au cirque alors qu’il n’avait que cinq ans. Mais voilà, un soir il se rend compte que son porte-bonheur a été dérobé, peut-être par un rival jaloux. Et tétanisé par cette perte, il va se lancer dans une quête à travers l’Italie pour retrouver Mister Universo, cette montagne de muscles depuis longtemps perdue de vue.
Mister Universo est un conte merveilleux, poétique et drôle sur l’univers du cirque que les réalisateurs filment avec précision et amour, avec ses codes surannés mais charmants, ses personnages étonnants et authentiques. Par sa volonté farouche de faire vivre la singularité de ce microcosme dans un environnement formaté qui veut le nier, le film est un magnifique hommage à tous ceux, petits commerçants de quartier, paysans indépendants, artisans aux spécialités de moins en moins sollicitées, qui coûte que coûte luttent contre la disparition de leur monde, pour que le nôtre soit moins triste et moins uniforme. En cela la quête a priori dérisoire de Tairo se révèle bouleversante et essentielle, et la scène finale, qui vous passera le cœur à l’essoreuse, en est la quintessence.
Mister Universo – à voir sans hésiter en famille tant le film touchera aussi vos préados et ados – est le digne héritier du Chaplin des Feux de la rampe, film testamentaire qui signait la fin de Charlot et rendait un magnifique hommage au cirque, et il fera ressurgir en vous ces souvenirs d’enfance où l’on s’émerveillait encore, sous des chapiteaux parfois de guingois, de numéros très simples, bien loin des machineries sophistiquées des cirques modernes.