Un beau dimanche

Vous aimez ce film, notez le !
La note moyenne actuelle est de 13,00 pour 1 vote(s)
Baptiste est instituteur dans le sud de la France. C'est un solitaire : il ne reste jamais plus d'un trimestre au même poste. Lors du week-end de la Pentecôte, il hérite d'un élève oublié par un père négligent. Mathias, c'est son nom, insiste pour passer la journée au bord de la mer. Sans doute pour retrouver Sandra, sa mère, une belle femme un peu bousculée par la vie, qui fait les saisons dans un restaurant de plage. En une journée, le charme entre Baptiste et Sandra opère. Mais Sandra a des ennuis : elle doit de l'argent, ou se résoudre à un nouveau départ, une nouvelle fuite. Baptiste lui propose de l'aide et le trio imprévu prend la direction du Sud Ouest. Car pour venir au secours de Sandra, Baptiste doit retourner à ses origines, à ce qu'il y a en lui de plus douloureux, de plus secret : sa famille.

Vos commentaires et critiques :

Les grandes familles

Il est beau Baptiste, c'est la première chose qui saute aux yeux. La deuxième, c'est que ses élèves semblent l'aimer, les autres instits et le directeur aussi… Pourtant il le confirme sans donner d'avantage de justification : il ne restera pas au-delà de ses trois mois de remplacement prévus dans cette classe d'un bled lumineux du sud de la France, il n'accepte pas de contrat longue durée. Baptiste n'est pas prêt à se fixer. Nomade, solitaire, avare d'explications, il laissera le directeur de l'école perplexe. Pourtant il aime ses élèves, il est clair que son métier lui va comme un gant mais il ne supporte viscéralement pas l'idée de se fixer et semble allergique à tout ce qui pourrait lui être un début d'attachement, de lien… Intrigant, ce Baptiste.

…Et on se demande quel mystère se cache au fond de ce regard bienveillant. À la veille d'un week-end de Pentecôte, il hérite, presque malgré lui, de Mathias, un gamin désemparé dont le père n' avait pas pigé que c'était son tour de garde et qui doit justement partir. Le gamin est sympa et Baptiste ne se fait pas vraiment violence pour accepter de le garder un soir, puis de l'amener au resto de plage où justement sa mère est serveuse. Sandra est belle et pas mal paumée, n'a pas vraiment le temps de s'occuper du gamin et semble harcelée par deux types louches qui lui réclament du fric.

Ça sent la galère à plein nez malgré la mer, le soleil, la joliesse des choses et Baptiste s'attarde plus que prévu pour le plus grand bonheur de Mathias, ravi de garder un peu ce prof avec lequel il se sent bien… Ça ne chôme pas dans ce bistrot de plage et Sandra n'est pas manchote, même qu'ils ont tous l'air de plutôt bien l'aimer dans le coin, dans le genre fans de bagnoles, ambiance boîte de nuit et petits trafics… rien de très grave, mais rien qui puisse inspirer à Baptiste une vraie envie de s'incruster, si ce n'est que Sandra tout comme Mathias sont attachants et que leurs problèmes le laissent de moins en moins indifférent.

Quand il pige que les choses risquent de mal tourner pour elle, il va dégainer une botte secrète, une solution totalement imprévisible qui va faire émerger des secrets bien gardés, des histoires anciennes qui tanguent entre conte de fées et cauchemar. Ce remède miracle, qu'il va sortir de son mystérieux chapeau, passe par un retour en arrière qu'il n'aurait certainement pas fait tout seul, s'il n'y avait cette absolue nécessité de tirer Sandra d'une sale passe et qui va les emmener tous les trois en voiture, le temps d'un beau dimanche, à travers une nature lumineuse, tandis que des sentiments complexes et improbables vont peu à peu émerger. La route nous conduit, à la surprise générale dans un univers aux antipodes de celui de Sandra…

On aime décidément bien Nicole Garcia et elle excelle ici à faire émerger des personnages sensibles et complexes, à la fois piégés par leurs origines, blessés par elles et capables de s'en sortir malgré tout, grâce à une force vitale qui les pousse à faire des choix radicaux qui les mettent en harmonie avec eux-mêmes. Il y a quelque chose de franchement positif dans le refus de s'inscrire dans ce pourquoi les deux personnages principaux avaient été programmés, quelque chose comme une conviction que la fatalité n'est pas insurmontable, que le pire n'est pas toujours sûr et tout ça est raconté avec une vraie sensibilité et une belle élégance.