La Petite bande

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Dans une petite ville de Corse. Cat, Fouad, Antoine et Manu, 12 ans, ont un plan : mettre le feu à l'Usine Chambon qui pollue la plus belle rivière du coin. Mais chaque initiative est soumise au vote et les constantes égalités paralysent l’action. La petite bande décide alors d’engager un 5e comparse pour se départager. Aimé, un enfant toujours seul, est choisi à sa grande surprise. Avec son arrivée, les évènements vont se précipiter...et se compliquer terriblement !
  • Titre original : La Petite bande
  • Fiche mise à jour le 08/07/2022
  • Année de production : 2020
  • Réalisé par : Pierre Salvadori
  • Date de sortie : 20 juillet 2022
  • Date de reprise : non renseignée
  • Distributeur France : Gaumont
  • Distributeur international : Wild Bunch International
  • Durée : 106 minutes
  • Origine(s) : France
  • Genre(s) : non renseigné
  • Pellicule : couleur
  • Format de projection : 2K, Scope
  • Format son : 5.1
  • Visa d'exploitation : non renseigné
  • Indice Bdfci :
    56%

Vos commentaires et critiques :

Au départ, il y a Fouad, Sami, Antoine et Cat. À peine 12 ans et toutes leurs dents, ils usent leurs fonds de culottes sur les bancs de la même école et sont taraudés par les graves préoccupations de leur âge : Sami est secrètement amoureux de Cat, mais Sami ne voit pas que Cat est très, très, vraiment très amie avec Fouad – et réciproquement (évidemment ils ne s’en rendent tout aussi réciproquement pas compte). Antoine, le grand copain et confident de Sami, s’ingénie à faire en sorte que Cat s’intéresse à son pote – ou aide son pote à faire en sorte que Cat s’intéresse à lui, ce qui revient au même. Il y a aussi Aimé, la tête de turc (frisée) de la cour de récré, qui n’est ostensiblement aimé par personne – mais qui va incidemment se faire une place au milieu du quatuor. Quand à Cat, elle se contrefiche comme d’une guigne de ces enfantillages sentimentaux pré-adolescents. Cat est guidée par la colère et partage avec Fouad une indignation sincère : toute la vie de leur village, niché sur le versant ensoleillé d’un massif corse, dépend de la santé économique d’une petite usine plantée là, et qui déverse à jet continu ses résidus toxique dans la rivière. Tellement empoisonnés, les rejets, qu’il est interdit de se baigner en aval et que personne ne s’aventurerait à taquiner le goujon dans des eaux de toutes façons depuis longtemps désertées par les poissons. Si Cat partage avec Greta Thunberg une forte capacité d’indignation face au désastre écologique à l’œuvre sous ses yeux, elle n’a pas du tout l’intention de s’en tenir à la manifestation outrée de son refus de participer au massacre. Faire un sit-in ? Distribuer des tracts sur le parking du supermarché ? Mais pour alerter qui ? Quel responsable politique aurait le courage de faire fermer les robinets de type Seveso pour rendre la rivière aux poissons et aux enfants ? Même le Maire du village travaille à l’usine… Déterminée à passer à l’action, fût elle violente, Cat entraine dans son sillage Fouad, Sami, Antoine et Aimé – soit toute la petite bande qui, pour les diverses raisons que nous avons vues, s’est constituée autour d’elle.
Un petit fond de polar, quelques errements amoureux dans un labyrinthe de tendresse, un sens parfait de la comédie, un vent de folie douce et généreuse qui souffle sur un film en totale liberté : La Petite bande, c’est en modèle réduit, à hauteur de mioches, ce qu’on aime depuis toujours dans le cinéma (si peu adulte) de Pierre Salvadori. Et, bienheureuse surprise, servi par un casting impeccable de gamins plus épatants les uns que les autres. Dans cette Petite bande, pas l’ombre d’un bambin tête-à-claque pris en flagrant-délit de cabotinage ; mais un joli panel de caractères bien trempés, qui font vivre avec simplicité et naturel toute la complexité, les enthousiasmes, les lâchetés, les contradictions – pas toujours marrantes – de leurs personnages. Rien n’est caricatural du côté des enfants : pas plus leur théorique corsitude que leur supposée candeur.
Petit détail qui n’en est pas un, c’est Aimé le mal-aimé qui nous conte, à la première personne, toute l’histoire. Celui qui cristallise la réalité violente de la micro-société de la cour de récréation. Celui qui a le plus de raisons de vouloir s’attribuer des pouvoirs de super-héros. Comme un Salvadori miniature. Pour peu alors qu’on soit prêt à mettre de côté le cartésianisme qui nous anime, on se laisse voluptueusement aller à partager la rêverie solaire du réalisateur, et à s’enthousiasmer aux aventures drôlement sérieuses, à peine invraisemblables, de nos éco-warriors en culottes courtes.