True Mothers

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Satoko et son mari sont liés pour toujours à Hikari, la jeune fille de 14ans qui a donné naissance à Asato, leur fils adoptif. Aujourd’hui, Asato à 6ans et la famille vit heureuse à Tokyo. Mais Hikari souhaite reprendre contact avec la famille, elle va alors provoquer une rencontre…

Vos commentaires et critiques :

 

Une nouvelle fois Naomi Kawaze nous emmène avec une infinie délicatesse vers ces endroits ténus, subtils, du nous, du nous deux et de la connexion à la nature. Comment parvient-elle à nous porter avec autant de douceur, de rythme vagabond et poétique vers ces contrées féminines et profondes qui nous parlent de maternité, de liens, d’exclusion, d’amour, de rencontre, et du bonheur de vivre avec l’autre ?
Ce nouveau film débute par une naissance durant laquelle les cris de bébés sont illustrés par des images de la mer. On entend les nouveaux venus humains, mais c’est la nature qui prend le pas, et va s’immiscer dans les plans, comme un fil narratif fondamental et intrinsèque au cœur du travail de la cinéaste. True mothers est un récit urbain (fait assez rare chez Kawase), mais les plans d’arbres, d’oiseaux ou de fleurs sont de presque toutes les scènes. Si on ferme les yeux, on sent le frôlement du vent sur nos corps, l’odeur des fleurs des cerisiers ou la douceur du soleil qui réchauffe la peau. Pas de doute, on est bien chez Kawase. Là où les rayons dansent à travers les branches, où les personnages essaient de façon récurrente d’attraper la lumière avec leurs mains, comme dans un jeu d’enfant émerveillé. La symbolique de cette nature filmée, c’est ce qui caractérise le monde personnel de la cinéaste japonaise, dans sa façon de se raconter à travers elle.
Kawaze nous parle « des êtres qui n’ont pas le moyen de s’exprimer ». C’est la nature, comme témoin et acteur attentif, mais aussi les héroïnes de True mothers, magnifiquement interprétées par Hiromi Nagasaku (la mère adoptive) et Aju Makita (la mère biologique), et leurs trajectoires de vie.
Il y a donc Satoko qui vit au dernier étage d’un immeuble moderne (trait de richesse) avec son mari, Kiyokazu. Ils ne peuvent pas avoir d’enfant. Tous les mois, ils vont à Sapporo, engagés dans un processus de Fécondation In Vitro. Un jour, ils décident d’arrêter là. Un jour ils décident aussi qu’ils ne vont pas divorcer, et vivre leur histoire à deux et c’est bien comme ça. C’est que ce couple-là est terriblement complémentaire, complice, attentif, et viscéralement uni. Découvrant alors un reportage sur l’adoption où il est question d’une association, Baby Baton – « Ce n’est pas un lieu pour que les parents trouvent un enfant, mais un lieu où un enfant peut trouver ses parents » –, Satoko et Kiyokazu choisissent d’adopter.
Et il y a Hikari la mère de sang. Avec sa vie de collégienne, avec la distance et les incompréhensions familiales et sa rencontre amoureuse avec Takumi, avec qui elle veut rester pour toujours. Enceinte, elle est envoyée secrètement par sa famille sur une petite île au large d’Hiroshima, au foyer de Baby Baton justement, où Mme Asumi héberge les futures mères, pour que puissent se rencontrer « des parents incapables d’avoir des enfants et des parents incapables d’en élever. ». Dans ce foyer, c’est aussi une façon d’être mère qui se construit, c’est un parcours de femme, et un apprentissage de soi, où l’exclusion se transforme en accueil et chaleur.
La ronde narrative navigue entre les deux flash-back et aujourd’hui : la famille vit heureuse, le petit Asato a 6 ans, et Hikari, en errance, reprend contact avec le couple qui a adopté son enfant. Naomi Kawase met beaucoup de grâce dans la rencontre entre ces deux mères, entre ces deux femmes qui incarnent deux facettes de la maternité. Elle signe un film pudique, proche des personnages et de leurs sentiments, et nous raconte le lien dans ce qu’il a de fort, unique et salvateur.