La Belle équipe TP

Vous aimez ce film, notez le !
La note moyenne actuelle est de 18,00 pour 1 vote(s)
Cinq ouvriers chômeurs parisiens, Jean, Charles, Raymond, Jacques et Mario, un étranger menacé d'expulsion, gagnent le gros lot de la loterie nationale. Jean a l'idée de placer cet argent en commun, dans l'achat d'un vieux lavoir de banlieue en ruine, qu'ils transformeront en riante guinguette dont ils seront les copropriétaires. Ils s'attellent à la besogne avec confiance. Mais la solidarité du groupe est fragile... Le destin s'acharne sur eux. Bientôt, il ne reste plus de la joyeuse équipe que Charles et Jean qui sont amoureux de la même femme, Gina….

Vos commentaires et critiques :

Front populaire

Terminé au cœur de l'été 1936 et sorti sur les écrans à l'automne, La Belle Equipe de Julien Duvivier a souvent été considéré comme le film phare de la période, révélateur des espoirs et des désillusions du moment. Écrit par Duvivier et par le prolifique Charles Spaak, scénariste de Renoir, Marcel L'Herbier et Jean Grémillon, le film suit la destinée d'un groupe d'amis, quatre ouvriers vivant à Paris et confrontés au chômage, accompagnés d'un proscrit catalan et de sa douce amie. Tirant le diable par la queue, ils sont soudain touchés par la chance : un billet de loterie acquis en commun leur offre un honnête magot de cent mille francs. Nos héros décident d'acheter une maison délabrée et de la transformer en guinguette. « Un petit bout de terrain avec de l'eau au bord, pour embêter les poissons », tel est le rêve, à hauteur d'homme, de la communauté, érigée en « république où tous les citoyens sont présidents ». Soudés par une franche camaraderie, ils s'attellent à l'ouvrage. La communauté s'organise. On y tape la belote, on y boit du gros rouge et on y cause le javanais. Dominé par le tandem formé par Jeannot (Gabin) et Charles (Vanel), le film sacrifie à un populisme de bon ton, abusivement rattaché par certains exégètes au « réalisme poétique » de Prévert et Carné. Mais bientôt la « belle idée » des Robinsons du bord de Marne prend l'eau de toute part, et la communauté se disloque inexorablement, frappée par les jeux du destin et de l'amour. Jacques part pour le Canada ; Mario est expulsé ; Raymond est victime d'un accident ; ne restent que Charles et Jeannot, amoureux de la même femme.
À la demande de son producteur, Duvivier tourne deux fins, l'une noire, l'autre plus optimiste. Fait presque unique en France, le choix du dénouement est confié au public : un référendum est organisé dans une salle de banlieue, Le Dôme de La Varenne. La fin heureuse est plébiscitée (335 voix sur 366) et la fin pessimiste, qui avait la faveur des auteurs, mais non du producteur, est abandonnée. « C'était une belle idée, c'était trop beau pour réussir », déclarait Gabin à l'issue du dénouement tragique ; et de fait il était aisé de faire du film, à la lumière de cette réplique, l'emblème des illusions perdues du Front populaire. Depuis l'origine le film était donc exploité avec cette fin heureuse. Pour la première fois, cette version restaurée revient au montage original, souhaité par l'auteur, trop pessimiste pour être acceptable dans un pays dirigé (à la sortie du film) depuis quatre mois par un gouvernement porteur des espoirs du Front Populaire.