Le Pont des espions

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James Donovan, un avocat de Brooklyn qui se retrouve plongé au cœur de la guerre froide lorsque la CIA l'envoie accomplir une mission presque impossible : négocier la libération du pilote d'un avion d'espionnage américain U-2.

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Avec Le Pont des espions, une histoire de prisonniers russes et américains échangés pendant la guerre froide, le cinéaste célèbre une délivrance qui est d'abord la sienne… Paralysé par la reconnaissance tous azimuts dont il est l'objet, et qui a culminé avec la sortie de Lincoln fin 2012, le réalisateur a depuis passé son temps à hésiter entre différents projets de films, pour mieux y renoncer. Il a même enterré « Robopocalypse », une superproduction futuriste qu'il présentait, pendant la promotion de Cheval de guerre (2011), avec un sourire amusé et une formule clé en main : « Du popcorn avec un message dedans ». C'est donc finalement Le Pont des espions qu'il a jugé possible d'emprunter, sans doute rassuré par la formule, plus sage, de ce film qui délivre un grand et beau message, avec juste un peu de popcorn dedans.

Le premier plan, superbe et saisissant, montre un homme qui semble avoir trois visages : le sien, celui qu'un miroir lui renvoie et celui de l'autoportrait qu'il est en train de peindre… Cet artiste est un espion. Une superbe scène de filature le confirme, dans le New York de 1957, jusqu'à l'arrestation de cet étrange Russe prénommé Abel (Mark Rylance). S'ouvre alors vraiment un scénario touffu, co-écrit par les frères Coen, avec un certain sens de la paranoïa et quelques pointes d'humour en contrebande. Pour faire condamner à mort Abel (comme les époux Rosenberg, qui finirent sur la chaise électrique en juin 1953, accusés d'espionnage au profit de l'URSS), l'Etat américain veut mettre les formes et lui paye donc un avocat commis d'office. Mais ce James Donovan (Tom Hanks), bon père de famille spécialisé dans les problèmes d'assurance, décide de pousser l'illusion de justice jusqu'à l'épreuve de vérité : pour faire respecter les droits de son client, il devient le plus brillant, le plus courageux des négociateurs, haï par ses concitoyens, mais droit dans ses principes. Et c'est lui que la CIA vient chercher en secret, quand un de ses agents tombe aux mains des Russes, pour tenter un grand marchandage…

Parce qu'elle est vraie, l'histoire de James B. Donovan (1916-1970) donne matière à bien plus qu'un simple film d'espionnage. A travers cet homme ordinaire en mission secrète, c'est une certaine idée de l'engagement qui est mise en exergue, en même temps que de grandes valeurs (liberté, justice) se transforment en actes. Cette partition est évidemment parfaite pour Spielberg, qui peut ici faire vibrer sa fibre humaniste… Avec son ami Tom Hanks, lui-même dans un rôle idéal, il donne à ce Pont des espions la tonalité et la tenue d'un cinéma classique, enveloppant, d'une sobre élégance.