L'Avenir

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Nathalie est professeur de philosophie dans un lycée parisien. Passionnée par son travail, elle aime par-dessus tout transmettre son goût de la pensée. Mariée, deux enfants, elle partage sa vie entre sa famille, ses anciens élèves et sa mère, très possessive. Un jour, son mari lui annonce qu’il part vivre avec une autre femme. Confrontée à une liberté nouvelle, elle va réinventer sa vie.

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Le temps retrouvé

Nathalie est professeur de philosophie dans un lycée parisien. Son mari est aussi professeur de philosophie et lui aussi aime les livres et l’assurance tranquille de cette vie bourgeoise et confortable, sans frasque ni ostentation. Les enfants ont grandi et ne sont plus à la maison, le plaisir et l’envie d’enseigner semblent toujours constants en dépit des années. Quant à l’amour, il est là, à sa manière, avec les us et coutumes d'une union qui dure depuis vingt-cinq ans. Un amour sincère mais un peu éteint, posé sur une étagère, comme un gros bouquin dont on sait la présence rassurante mais qu'on oublie trop souvent d'ouvrir…
La vie de Nathalie est rythmée par ses cours qu’elle donne à des jeunes gens tout feu tout flamme qui l’écoutent ou qui ne l’écoutent pas, préférant sécher pour aller manifester, se rassembler, revendiquer. Nathalie aussi, dans sa jeunesse, militait, mais c’était hier, le passé, une autre époque. Aujourd'hui elle veut simplement assurer ses cours tranquillement, suivre le fil de sa vie rangée avec ses livres, ses élèves et sa mère un peu folle qui se suicide trois fois par semaine.
C’est aussi cela, le propre du temps qui passe, de la roue qui tourne : hier encore, on berçait sa couvée et aujourd'hui, il faut materner ses vieux parents. Et les vieilles mamans angoissées, c’est parfois très pénible… Celle de Nathalie, dans son genre, est un spécimen fort intéressant.
Nathalie glisse sur ces lendemains avec la force tranquille d’une femme fière de son parcours, des ses réussites familiales et professionnelles ; forte aussi d’une vie intellectuelle riche et intense, habitée par les auteurs, les philosophes, les penseurs qui accompagnent chacun de ses pas, chacune de ses pensées vagabondes ou mûries. 
Les retrouvailles avec Mathieu, un ancien élève brillant qu’elle a mis sur la voie de la philosophie et dont elle suit le travail, vont coïncider avec cet instant précis de la vie de Nathalie où les événements vont se bousculer pour la malmener. Elle devrait s’effondrer, elle pourrait imploser, ou rester à terre en attendant le coup de grâce final… Mais sous ses allures frêles, s'appuyant sur la somme de ces instants d’avant qui forment son passé, elle va tenter de se fabriquer un avenir car, oui, l’avenir existe même quand on a depuis longtemps passé l’âge d’oser le questionner.
On connaît, pour les avoir appréciées dans ses précédents films, la délicatesse et l’intelligence d’écriture de Mia Hansen-Løve , brillante réalisatrice qui s’attache ici à un portrait fort et subtil d’une femme qui arrive comme on le dit banalement à un tournant de sa vie. Elle réussit le pari de ne jamais plomber son propos et glisse une belle tendresse dans le regard qu’elle porte sur cette génération qui n’est pas la sienne. À contrario, la manière dont elle parle de la jeunesse, de ses rêves, de ses utopies ne se fait jamais en opposition. Au fond, chacun n’est que la face passée ou à venir de la même pièce et tout n’est que mouvement. 
C’est un beau film sur le temps qui passe et la sagesse dont il faut faire preuve pour accepter le cycle de la vie qui œuvre pour chaque humain. C’est aussi un film qui dit qu’avec la pensée et l’affection des autres, on est plus fort pour y arriver.