Vénus noire

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Paris, 1817, enceinte de l’Académie Royale de Médecine. « Je n’ai jamais vu de tête humaine plus semblable à celle des singes ». Face au moulage du corps de Saartjie Baartman, l’anatomiste Georges Cuvier est catégorique. Un parterre de distingués collègues applaudit la démonstration. Sept ans plus tôt, Saartjie quittait l’Afrique du Sud avec son maitre, Caezar, et livrait son corps en pâture au public londonien des foires aux monstres. Femme libre et entravée, elle était l’icône des bas-fonds, la « Vénus Hottentote » promise au mirage d’une ascension dorée...

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Sarah Baartmann, également connue sous le nom de Saartjie Baartman, est née vers 1789 dans les environs de la rivière Gamtoos, située dans l'actuelle province du Cap oriental, en Afrique du Sud. Elle appartenait au peuple Khoikhoi. Orpheline dès le plus jeune âge, Sarah Baartman se retrouve au Cap où elle travaille comme servante pour un "homme noir libre" et elle part ensuite avec lui pour l'Europe. Après des tournées en Grande-Bretagne, elle déménage à Paris où elle meurt, célèbre mais pauvre, en 1815.

On ne sait pas si elle fait le voyage vers Londres de gré ou de force. On ne sait pas non plus exactement ce qu'elle a dit dans les revues où elle se présentait elle-même au public. Mais Sarah Baartman a définitivement souffert de la mentalité raciste qui a dominé la vision de l'Europe sur le monde au début du XIXème siècle. Selon la culture et la biologie, les Africains étaient généralement considérés comme des êtres humains moins développés. Le peuple Khoikhoi d'Afrique du Sud, rarement vu en Europe, a même été déshumanisé. Après sa mort, le chirurgien de Napoléon et naturaliste de renom, Georges Cuvier, a disséqué le corps de Sarah Baartman et conclu qu'elle avait des traits semblables à ceux des singes. Pendant près de 160 ans, ses restes ont été exposés au musée national de France à Paris, faisant d'elle une victime du racisme scientifique.

La fin de l'apartheid a vu renaître l'intérêt pour l'histoire de Sarah Baartman. Sous Nelson Mandela, l'Afrique du Sud a commencé à se battre pour obtenir le rapatriement de sa dépouille mortelle. Mais c'est seulement en 2002 que son corps a enfin retrouvé son pays. Son enterrement, dans la province du Cap oriental, a mis un terme à près de deux siècles d'exil.

Le combat pour le rapatriement de Sarah Baartman a été un combat contre la violence raciste. Avec cette victoire posthume, Sarah Baartman reste, aujourd'hui encore, un symbole de la victoire sur l'oppression des Sud-Africains. Son district d'origine, dans la province du Cap oriental, porte désormais son nom. Au Cap, un centre porte le nom sous lequel les Sud-Africains se souviennent d'elle avec affection: le centre Saartje Baartman pour les femmes et les enfants s'occupe de ceux qui ont survécu à des abus.