Ma vie avec Liberace TP

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Avant Elvis, Elton John et Madonna, il y a eu Liberace : pianiste virtuose, artiste exubérant, bête de scène et des plateaux télévisés. Liberace affectionnait la démesure et cultivait l'excès, sur scène et hors scène. Un jour de l'été 1977, le bel et jeune Scott Thorson pénétra dans sa loge et, malgré la différence d'âge et de milieu social, les deux hommes entamèrent une liaison secrète qui allait durer cinq ans. 'Ma Vie avec Liberace' narre les coulisses de cette relation orageuse, de leur rencontre au Las Vegas Hilton à leur douloureuse rupture publique.

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Liberace fut, des années 50 jusqu'à sa mort à la fin des années 80, un pianiste qui sut mettre une virtuosité exceptionnelle et acquise dès le plus jeune âge au service d'un show musical incroyable : mise en scène flamboyante, costumes délirants, humour débridé, son spectacle éblouit pendant trois décennies le public américain – notamment féminin et un chouïa âgé – si bien que Liberace fut, au faite de sa gloire, l'artiste musical le mieux payé au monde, qui inspira aussi bien un Elton John débutant qu'un Elvis Presley déclinant… Ce faste se déployait donc sur scène (il apparaissait dans une Rolls avec chauffeur, revêtu d'un manteau de fourrure blanche avec une traîne de plusieurs mètres de long, avant de rejoindre son piano surmonté d'un candélabre) mais aussi dans la vie (il habitait une demeure dont il avait lui même qualifié le décor de « kitsch palatial », avec piscine en forme de piano, salons qui feraient passer ceux de Louis II de Bavière pour du baroque sobre et crever de jalousie tous les émirs du Qatar).
Mais derrière la façade de « musicien modèle à sa maman » (qui le suivait partout, d'où ce surnom que lui attribuèrent des critiques dans les années 50), se cachait une vie personnelle beaucoup plus mouvementée. Même s'il tenta de faire croire dans les journaux à des chagrins amoureux hétérosexuels, Liberace était un gay insatiable, collectionnant les jeunes amants au fur et à mesure que l'âge avançait.
C'est cet aspect de sa vie, en l'occurrence les dix dernières années, que Steven Soderbergh a choisi d'évoquer, et tout particulièrement la relation du maître avec le tout jeune Scott Thorson, débarquant à 17 ans de son Middle West natal alors que Liberace en avait déjà 40 de plus. Subjugué par le talent de cet aide vétérinaire qui réussit à sauver un de ses petits toutous mais surtout par sa plastique juvénile, Liberace va rapidement faire du jeune homme son assistant-homme à tout faire, son amant aussi bien sûr – alors que Scott n'était pas vraiment fixé sur ses orientations sexuelles –, avant de finir par l'adopter… Ce sont 10 années de vie démesurée qui défilent, du splendide au sordide, le quotidien de Scott devenant progressivement un enfer. Liberace, gagné par l'obsession de l'âge, s'acharna à faire de Scott l'image parfaite de sa jeunesse disparue, le poussant à des régimes et à des transformations à base de drogues diverses et de chirurgie esthétique. Soderbergh décrit magnifiquement une personnalité hors norme, à la fois détestable et fascinante, mais aussi une grande histoire d'amour destructrice : Scott Thorson, auteur d'un livre de mémoires qui a inspiré le film, ne sait toujours pas à 54 ans détricoter le pire du meilleur. Soderbergh filme aussi avec gourmandise ces années bling bling, sexe, drogues et strass (le chirurgien esthétique botoxé, génialement joué par Rob Lowe, en est l'incarnation), qui s'achèvent avec l'apparition du SIDA dont Liberace mourra en 1987.
Tout cela nous passerait peut-être un peu au-dessus de la tête s'il n'y avait l'interprétation STUPÉFIANTE de Michael Douglas et Matt Damon. Douglas incarne dans toute sa complexité, avec un mimétisme incroyable cette vieille tante adorable et horrible. Quant à Damon, il réussit, malgré ses 42 ans, à jouer l'adolescent frais comme un petit poulet aux hormones, puis le jeune homme trentenaire boursouflé de stéroïdes et miné par la drogue, l'alcool et la déprime.