Henri

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Henri, la cinquantaine, d'origine italienne, tient avec sa femme Rita un petit restaurant près de Charleroi, « La Cantina ». Une fois les clients partis, Henri retrouve ses copains, Bibi et René, des piliers de comptoirs ; ensemble ils tuent le temps devant quelques bières en partageant leur passion commune, les pigeons voyageurs. Rita meurt subitement, laissant Henri désemparé. Leur fille Laetitia propose alors à Henri de se faire aider au restaurant par un « papillon blanc », comme on appelle les résidents d'un foyer d'handicapés mentaux proche de « La Cantina ». Rosette est de ceux-là. Elle est joyeuse, bienveillante et ne voit pas le mal. Son handicap est léger, elle est simplement un peu « décalée ». Elle rêve d'amour, de sexualité et de normalité. Avec l'arrivée de Rosette, une nouvelle vie s'organise.

Vos commentaires et critiques :

Yolande Moreau livre ici un film sensible, avec une certaine lucidité décalée qui lui confère un charme certain. La réalisatrice / actrice est adroite dans l'art de la mise en scène, en témoignent des choix de plans magnifiques, qui en un cadre unique raconte énormément. L'économie de dialogue participe à un film du ressenti, empreint d'une poésie de la ruralité douce et subtile. L'influence de Tati reste présente et rappelle longue collaboration de la réalisatrice avec Macha Makeïëff et Jérôme Deschamps, notamment dans la jolie séquence de l'enteremment où les sons des dialogues créent une musique faite de murmures et de chuchotements. 

Candy Ming est impeccable, jamais niaise, toujours dans cette crudité sans excès. Pippo Delbono, attachant et touchant. En revanche les seconds rôles sont légèrement moins convaincants, très "joués" dans leur manière d'aborder leur personnage (Jackie Berroyer est un poil caricatural et Gwen Berrou trop rigide) et ramène par moment le film à des scènes parfois un peu convenues. On regrettera que la dernière partie du film (le voyage d'Henri et de Rosette) soit plus brouillonne en terme de montage (quel dommage que ce magnifique plan de mer rose ne soit pas intervenu en premier plan de séquence car tel qu'il est monté, il perd en force et en émotion...), ainsi que dans le choix de la musique. En effet, le sublime morceau d'Asaf Avidian appelle à la sobrieté des images tant il est parlant, et Yolande Moreau tombe dans le piège de la scène sentimentale un peu simpliste. S'arrêter sur ce plan extrêmement fort d'Henri, le long de la jetée aurait amplement suffi. La fin du film s'étire un peu, peut-être à cause d'un scénario un peu trop gourmand d'une succession de plans qui racontent un peu trop la même idée (Henri et sa baraque à frites) et émousse légèrement toute l'intensité du film, qui n'en reste pas moins un très, très beau moment de cinéma.