L'Amour est un crime parfait -12

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Professeur de littérature à l'université de Lausanne, Marc a la réputation de collectionner les aventures amoureuses avec ses étudiantes.Quelques jours après la disparition de la plus brillante d'entre elles qui était sa dernière conquête, il rencontre Anna qui cherche à en savoir plus sur sa belle fille disparue ...

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Un vieux 4X4 trace sur une route de montagne. Autour la neige et la nuit, inquiétante et glaciale. À l’intérieur, les rires d’une jeune femme et les volutes de fumée d’un homme. Elle est étudiante. Il est son professeur. Ils vont passer la nuit ensemble. Lui a l’habitude, séduire est sa deuxième nature, elle n’est pas du genre farouche.

C’est le début du film et le point de départ d’une intrigue qui, à l’image de cette route de montagne, ne cessera de nous surprendre au détour de chaque scène, comme un précipice à la sortie d’un virage. Le ton n’est jamais vraiment acquis et les ruptures de style autant que de rythme donnent à l’ensemble un visage singulier qui montre l’étendue du talent des frères Larrieu. Ils nous offrent là leur film le plus mature et le plus maitrisé, et s’il l’on retrouve leur fantaisie et leur humour, il y a dans cet Amour est un crime parfait une dimension noire et inquiétante… L’inspirateur Philippe Djian n’y est sans doute pas pour rien.

C’est Mathieu Amalric, complice habituel des frères Larrieu, qui ouvre le bal. Marc est un brillant professeur de littérature qui aurait pu être le héros d’un roman de Philip Roth. Il enseigne l’art d’écrire dans une prestigieuse université ultra design – décor incroyable, oppressant à force de transparence, que les Larrieu exploitent magnifiquement –, au pied des montagnes. Il aime l’enseignement, la littérature et les corps vigoureux des jeunes filles. Il possède l’aura, le charme et la prestance de ces hommes à la technique de séduction parfaitement rodée, savant mélange d’humour et d’auto-dérision, porté par une aisance verbale à faire craquer la nana la plus fidèle en amour. Sa vie n’est qu’une suite d’aventures et de séminaires et sa vie lui plaît ainsi : ni attaches, ni lendemains, ni comptes à rendre, il va et vient de monts en vals, du chalet isolé où il vit au bord du lac où il œuvre.

Mais cette routine de patachon va se trouver gravement déréglée par une suite de circonstances que nous qualifierons, euphémisme, de troublantes… L’ouvrage est sur le métier, le tissage peut commencer. Surgiront et se croiseront autour de Marc : une belle-mère au comportement déroutant, à la fois inquiète, perdue et en manque aigu de caresses ; une sœur à la personnalité complexe qui elle aussi vit parmi les livres qu’elle dévore en nuisette sexy, un verre de rouge à la main ; un directeur de département littéraire adepte de la télévision 3D, des représentations mondaines et d’une certaine bibliothécaire ; sans oublier une étudiante entreprenante réclamant des cours particuliers.

Plus qu’un film noir ou qu’un thriller, L’Amour est un crime parfait est un objet fascinant aux facettes multiples, ambivalentes, mystérieuses et parfois contradictoires, qui projettent sur le spectateur une palette complexe d’ombres et de lumières. Narration surprenante, ambivalence trouble des personnages, le film ne se laisse peut-être pas immédiatement aimer, mais pour qui ose embarquer à bord du vieux 4X4, le voyage est diablement excitant.